"C'est très mignon, mais quand on pense aux dégâts qu'ils font…" : le raton laveur est en train de coloniser la France

Le jardin de Thérèse se trouve au bord d'un ruisseau qui se jette dans la Garonne. On entend les oiseaux, c'est très bucolique. Mais les ratons laveurs y ont fait leur apparition. "Ils s'attaquent aux noisetiers, raconte-t-elle, ils les mangent avant leur maturité, comme tous les fruits. Ils entrent par le ruisseau et grimpent partout. Les clôtures ne leur font pas peur. À un moment, on en voyait tous les matins, ça nous désespère, parce qu'on ne veut pas qu'ils envahissent notre terrain. C'est très mignon, bien sûr, mais quand on pense aux dégâts qu'ils font..."

Des dégâts multiples et des pièges

D'autant plus que les ratons laveurs s'attaquent aussi aux animaux. "Il est arrivé qu'ils s'attaquent aux volailles", témoigne Fabien Egal, responsable technique de l'association des piégeurs agréés de la Gironde. C'est pour ces différentes raisons qu'on fait appel à lui et qu'il capture ces animaux, classés comme "espèce exotique envahissante", et "susceptible d'occasionner des dégâts".

"S'ils ont l'occasion de rentrer dans un poulailler et d'attraper quelques poules pour se nourrir, ils le feront."

Fabien Egal, responsable technique de l'association des piégeurs agréés de la Gironde

à franceinfo

Fabien vient donc chez des particuliers avec son piège. "Une fois que ces animaux sont capturés, ils sont mis à mort immédiatement et sans souffrance", explique-t-il. Cela permet "une gestion de la population et de la densité de population".

Des animaux particulièrement rusés

Les ratons laveurs n'hésitent pas non plus à entrer dans les habitations. C'est encore assez rare, mais cela prouve à quel point ils ne sont pas farouches, mais aussi très rusés. Nicolas l'a découvert en constatant que la nourriture des chats se vidait anormalement vite. Il a filmé la nuit avec son téléphone portable et a découvert que des ratons laveurs passent par la chatière. Il pose alors un piège à l'intérieur de sa maison et là, il voit sur sa vidéo que le raton laveur s'en sort brillamment. "La porte de la cage se referme, sans lui à l'intérieur, décrit-il en souriant. Il traîne la cage dans mon salon pour récupérer les quelques croquettes..."

Mais Nicolas le reconnaît : "C'est problématique quand on s'endort à minuit ou deux heures, parce qu'on attend qu'il vienne, ou pas, il y a du bruit... Il y a quand même un petit stress." D'autant plus que ces animaux sont porteurs de maladies. Il y a donc également des questions sanitaires qui se posent.

Des apparitions en plusieurs endroits de la France

Les ratons laveurs sont apparus en France de plusieurs façons. Dans l'est de la France, ils ont été introduits en 1966, d'après Fabien Egal. C’étaient les mascottes des GI's sur une base de l'Otan, dans le département de l'Aisne. Les Américains sont partis à la fin des années 60, les "racoon", eux, sont restés.

Mais en Gironde, l'histoire est différente : ils se sont échappés d'un zoo ou d'un cirque, il y a 20 ans. Ils étaient quatre ou cinq individus, à l'époque. Ils sont 4 000 à 5 000 désormais, selon Christophe Coïc, directeur de l'association Cistude Nature, qui a étudié cette espèce.

"C'est une espèce qui suit les cours d'eau, explique le spécialiste, pour se nourrir et pour coloniser d'autres territoires".

"Il est inutile de croire qu'on va s'en débarrasser."

Christophe Coïc, directeur de l'association Cistude Nature

à franceinfo

"Ces espèces ont fait souche ultra rapidement, poursuit Christophe Coïc. Quand on s'aperçoit de leur présence, l'espèce est déjà installée. On va faire des opérations au coup par coup, mais on ne pourra strictement rien faire. On est un peu dépassés par toutes ces espèces, qui nous font un gigantesque pied de nez. On leur a mis tout ce qu'on pouvait pour s'en débarrasser : poison, piégeage, etc. On n'y arrive pas. Et ça, c'est plutôt rigolo".

Les ratons laveurs sont désormais bien installés dans le pays et ils vont même très loin. Ils ont été observés pour la première fois, au début du mois, dans les Pyrénées-Orientales.