"Ce sont des chocs considérables" : l'inquiétude à Lannion après le plan social annoncé par Nokia dans une région déjà frappée par des plans sociaux d’ampleur
Hop !, Brittany ferries, Nokia... La situation préoccupe jusqu’à la tête de l’exécutif. À Lannion, c'est toute l'économie locale qui est fragilisée par la suppression annoncée de 402 postes chez le troisième employeur de la ville.
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Le président du conseil régional de Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, est reçu lundi 28 septembre par le Premier ministre Jean Castex et lui fera part de son inquiétude. La Bretagne attire toujours des entreprises et des habitants. Mais depuis quelques mois, elle subit plusieurs plans sociaux d’ampleur.
Après la réduction des traversées et des effectifs chez Brittany ferries, après la fermeture annoncée d'ici 2022 du site de Hop ! à Morlaix, à Lannion, l'annonce brutale, en juin dernier, de 402 suppressions de postes chez Nokia, soit plus de la moitié des effectifs sur place, a fait l'effet d'un coup de tonnerre dans cette ville qui a bâti 50 ans de développement économique sur les télécommunications. "C'est complètement inscrit dans les gênes de la ville de Lannion", explique son maire, Paul Le Bihan, lui-même ancien ingénieur chez Alcatel.
Ce n'est pas pour rien que Lannion a été appelée la Sillicone Valley bretonne ou française. Tout s'est développé et tout tourne aujourd'hui autour des télécoms.
Paul Le Bihan, maire de Lannionà franceinfo
L'histoire commence en 1959 avec l'implantation, par la volonté du général de Gaulle, d'un centre d'études des télécommunications. Les usines suivent, et Lannion passe de 10 000 à 20 000 habitants. Mais après la success story vient le temps des crises, les années 1980 et 1990, l'éclatement de la bulle internet, rachats, fusions, plans sociaux... La ville réussi malgré tout à conserver 4 000 emplois dans le secteur, dont deux géants, Orange et Nokia.
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Mais en juin dernier, Nokia fait tomber la foudre. Le groupe finlandais, troisième employeur de la ville, annonce 1 200 suppressions de postes en France, dont 400 à Lannion. Sur les grilles devant les bâtiments de l'entreprise, 402 silhouettes en carton bleu ont été placardées, façon victimes d’accidents de la route. "On se rend compte de la masse que ça représente, il a fallu 200 à 300 mètres de grillage pour contenir toutes ces silhouettes", explique Bernard Trémulot. Elu CFDT à Nokia, il fait partie de ceux qui conduisent la mobilisation depuis trois mois.
Le sentiment de trahison est très fort, d'autant plus qu'il y a 800 personnes qui ont rejoint Nokia en trois ans, dont 200 à Lannion, souvent des jeunes.
Bernard Trémulot, élu CFDT à Nokiaà franceinfo
"Un peu moins de deux ans après mon arrivée, j'apprends comme tous mes collègues que la fin du rêve est annoncée. Nous allons devoir quitter Nokia, quitter Lannion et ses petits commerces", témoignait ainsi une jeune salariée lors d'une manifestation qui a réuni 5 000 personnes en juillet.
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Les élus locaux se sont battus pour que Lannion reste un pôle télécom. Résultat : un tissu de PME et deux piliers, orange et Nokia, deuxième et troisième employeurs de la ville. "La crainte c'est qu'un pilier étant fragilisé, l'autre se pose des questions, redoute le maire, Paul Le Bihan. Il ne faudrait pas que ce qui a commencé en 1960 se termine dans les années qui viennent." Les écoles montrent déjà un signe inquiétant : le nombre d’enfants y a été divisé par deux en vingt ans.
"On va le sentir un peu, forcément"
À Lannion, tout le monde connaît des salariés des télécoms et de Nokia en particulier. Les premiers à s’inquiéter, ce sont les commerçants, mais Philippe Latronche, qui tient un magasin de Hi-Fi, ne veut pas céder au pessimisme. "On va le sentir un peu, forcément, dit-il. Mais Lannion est dans une situation très particulière, c'est une ville à fort pouvoir d'achat. Donc effectivement, il y a une partie de ce pouvoir d'achat qui va peut-être pouvoir rester, en reconversion, ou qui partira peut-être ailleurs. Mais je pense qu'on aura bien la moitié qui vont arriver à se reconvertir localement", veut-il croire.
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À Lannion, les universités et grandes écoles se sont aussi développées avec les télécoms. La ville compte 1 600 étudiants, dont ceux notamment de l’Enssat, une école d'ingénieurs réputée dans toute la France. Tom est étudiant en 2e année de systèmes numériques. Et il voit déjà des conséquences depuis l'annonce du groupe finlandais. "J'ai un ami qui a fait son stage de fin d'études à Nokia justement et qui espérait avoir un CDI là-bas à la suite de son projet. Mais avec le plan social, il ne l'a pas eu", raconte-t-il.
À l'Enssat, il y en a beaucoup qui vont là-bas et donc là ça nous met un peu mal.
Tom, étudiant à l'école d'ingénieurs Enssatà franceinfo
Élus, habitants, salariés, tous se tournent vers le gouvernement, en espérant faire revenir le géant finlandais sur son plan social. "Nous sommes dans un cas particulier, explique le président du conseil régional de Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, parce que nous avons trois dossiers emblématiques (Hop !, Brittany ferries, Nokia) qui sont concentrés sur un territoire assez réduit sur le Nord-Bretagne, dans un territoire où lorsque vous perdez, 200 ou 400 emplois d'ingénieurs, vous ne les retrouvez pas, même en quelques années sur le même territoire, et donc ce sont des chocs considérables sur ces communes-là", explique-t-il.
Le départ de Nokia est un scandale dans la période. L'entreprise Nokia s'est installée en reprenant Alcatel, puis cinq ans après, après tous les moyens qui ont été mis sur la table de la part de l'Europe, de l'État, de la région, cette entreprise s'en va pour des pays low-cost. Donc ça génère effectivement des crispations.
Loïg Chesnais-Girard, président de la région Bretagneà franceinfo
De son côté, Bercy affirme que des discussions sont en cours avec Nokia, sans en révéler la teneur.
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