"Ça ne change pas" : en Roumanie, à la veille du nouveau scrutin présidentiel, l'extrême droite toujours en tête grâce aux réseaux sociaux

Après l’annulation du premier tour de la présidentielle en décembre dernier, au détriment du candidat d'extrême droite arrivé en tête, 19 millions de Roumains s’apprêtent à voter une seconde fois dimanche 4 mai.

Article rédigé par Virginie Pironon, Paul Cozighian - et Romain Luquiens
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
George Simion, candidat d'extrême droite à la présidentielle roumaine en mai 2025, s'affiche aux côtés de Donald Trump. (RADIOFRANCE / FRANCE INFO)
George Simion, candidat d'extrême droite à la présidentielle roumaine en mai 2025, s'affiche aux côtés de Donald Trump. (RADIOFRANCE / FRANCE INFO)

Les Roumains sont de retour aux urnes, dimanche 4 mai, pour choisir leur président. Le premier tour du 24 novembre avait été annulé en décembre en raison de forts soupçons d’ingérence russe via les réseaux sociaux, et en particulier sur TikTok, qui avait favorisé un des candidats d’extrême droite, Calin Georgescu. Il est interdit d’élection depuis. 

Roberto, 22 ans, avait voté pour lui. Le jeune homme, qui votait pour la première fois pour une élection présidentielle, l'a découvert sur les réseaux sociaux puisque, comme un Roumain sur deux, il est sur TikTok. "Sans trop m’intéresser au candidat, j’ai choisi celui que j’ai vu sur TikTok, c’est-à-dire Georgescu", explique Roberto, qui travaille dans l’immobilier à Bucarest. Et il estime avec le recul être complètement tombé dans le panneau. "On était comme des moutons. On était cinq copains. Chacun a dit : j’aime celui-là, un autre a dit qu’il l’aimait aussi, et on s’est tous retrouvés à voter pour lui, à cause de cette campagne agressive", raconte-t-il.

"Je n’ai plus confiance en personne"

Mais cette campagne agressive se poursuit, avec cette fois, un autre candidat d’extrême droite, George Simion, 38 ans, un fan de Donald Trump arrivé en quatrième position en novembre dernier. Ces derniers jours, il a fait la course en tête, après une campagne menée entre autres auprès de ses 1,3 millions d’abonnés sur TikTok.

Sur le marché de Bucarest, à deux pas du siège du gouvernement, Ioulian ne décolère pas. "Je n’ai plus confiance en personne. Ils nous ont humiliés", peste-t-il. Il avait voté pour Calin Georgescu, avant l’annulation de l’élection. Il estime que "le peuple roumain n’a plus la parole". "Même si on vote, ça ne sert à rien ! J’ai voté, et vous avez vu le résultat ? C’est une mafia, c’est clair !", dénonce-t-il.

Iulian Roumain a l'impression de s'être fait voler son vote, lors de la présidentielle en Roumanie, finalement annulée, en décembre 2024. (RADIOFRANCE / FRANCE INFO)
Iulian Roumain a l'impression de s'être fait voler son vote, lors de la présidentielle en Roumanie, finalement annulée, en décembre 2024. (RADIOFRANCE / FRANCE INFO)

Depuis, Ioulian a quitté TikTok, désabusé. Mais "une grande partie de la société roumaine continue à s'informer exclusivement sur les réseaux sociaux, TikTok et Facebook", explique le sociologue Vladimir Ionas. "Malheureusement, ça ne change pas", regrette-t-il, notant toutefois que "ce qui a changé en revanche, c'est la façon dont l'État roumain prend en compte et suit ce qu’il se passe sur TikTok".

Par exemple, le ciblage des utilisateurs systématique et répété est désormais interdit dans le pays. Vendredi, les autorités roumaines ont à nouveau dénoncé dans la soirée une campagne de désinformation, ayant des liens avec la Russie. Les sites internet de plusieurs institutions publiques, télévisions et agences de presse ont été visés.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.