"C'est l'occasion de faire entendre la voix de mon pays" : Nora, Ukrainienne de 10 ans réfugiée en France, remporte la finale du concours de piano de gare de la SNCF

Le prix de la finale du concours "À vous de jouer" organisé par la SNCF a été décerné à deux jeunes pianistes, vendredi.

Article rédigé par Marc Bertrand
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le pianiste et animateur André Manoukian et Julie Gayet, membre du jury, avec les deux vainqueurs du concours, dont la jeune Nora (à droite) à Paris le 20 juin 2025 (MARC BERTRAND / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Le pianiste et animateur André Manoukian et Julie Gayet, membre du jury, avec les deux vainqueurs du concours, dont la jeune Nora (à droite) à Paris le 20 juin 2025 (MARC BERTRAND / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Le concours de piano de gare de la SNCF a couronné deux enfants âgés de 12 et 10 ans, à la veille de la Fête de la musique, vendredi 20 juin. Parmi ces deux grands gagnants, Nora Kostenko, une jeune Ukrainienne arrivée avec sa famille pour fuir la guerre en Ukraine il y a trois ans, a impressionné le jury. Douze vainqueurs régionaux se sont affrontés sur le parvis de la gare de l'Est à Paris. Ils avaient été repéré, en jouant sur les plus de 70 pianos installés dans les gares du pays.

La silhouette fluette de Nora, 10 ans, contraste avec son regard déterminé quand elle s'avance vers le piano installé sur le parvis de la gare de l'Est. "Pour moi, ce n'est pas seulement la compétition, c'est l'occasion de faire entendre la voix de mon pays", affirme-t-elle. Nora est en France depuis seulement trois ans, elle a fui Kharkiv, à l'est du pays, et la guerre, avec sa famille pour se réfugier à Vertou, près de Nantes en Loire-Atlantique. "La France m'a offert un nouveau toit, une école, des amis, une seconde vie, explique la jeune fille. Et quand je joue du piano, j'ai l'impression de pouvoir parler sans mots, raconter mes souvenirs, mes peurs, mes rêves."

Ses doigts virevoltent sur les touches, alternant la douceur et la violence. Dans le jury, le pianiste André Manoukian est bouche bée. "Ce qu'elle nous a fait, c'est incroyable, affirme-t-il. Un compositeur, on ne sait pas comment il s'appelle..." "Igor Chamo [compositeur ukrainien]", lui répond Nora et André Manoukian assure qu'il l'écoutera le soir-même, avant de poursuivre : "Quand elle s'est assise, on avait l'impression qu'on avait un immense piano à queue, je n'ai jamais vu ça. Et on était tous hyper émus. Moi, j'avais l'impression d'écouter Martha Argerich [pianiste argentine contemporaine]."

Une famille de musiciens

"Photo !" : la grand-mère de Nora se précipite avec son téléphone pour immortaliser le moment. Elle est professeure de musique, le père de Nora est chef d'orchestre, ils sont très fiers, comme la grande soeur Michelle, qui fait aussi du piano : "Elle est plus forte que moi !", admet-elle en riant. Elle raconte que la famille a quitté l'Ukraine en laissant derrière elle leur piano à queue, c'est pour ça que Nora a commencé à jouer dans les pianos de gares. "On est venu ici avec rien. Après, l'école nous a donné un piano électrique, c'est comme ça qu'on a commencé, explique Michelle. Ensuite, on a fait un petit concert dans une église église et un monsieur a fait un grand cadeau pour toute la famille en nous offrant le piano à queue. Et c'est vraiment incroyable parce qu'on a commencé à faire de la musique avec un piano à queue professionel." 

Nora adore jouer en public, alors même si le plus important c'est le conservatoire et même si elle hésite aussi encore entre la musique et la natation artistique, où elle est aussi très douée, elle compte bien continuer à jouer dans les gares... 

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