"Toutes les concessions obtenues sont cosmétiques" : des députés socialistes agitent de nouveau la menace de la censure

Les socialistes reviennent à la charge et estiment que François Bayrou ne donne plus de gages à la gauche.

Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le patron du PS Olivier Faure exige que le Parlement soit saisi à l'issue du conclave retraites, sinon il n'exclut pas de défendre une motion de censure. (ARNAUD CESAR VILETTE / MAXPPP)
Le patron du PS Olivier Faure exige que le Parlement soit saisi à l'issue du conclave retraites, sinon il n'exclut pas de défendre une motion de censure. (ARNAUD CESAR VILETTE / MAXPPP)

Les députés socialistes pensaient avoir remporté la partie, être revenus au centre du jeu en s'abstenant lors de la dernière censure du mois de janvier. Mais aujourd'hui, ils sentent le vent tourner. "Sentiment de submersion migratoire", sorties à la pelle du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, propositions de loi toujours plus à droite, et la goutte d'eau : le chef du gouvernement qui s'oppose au retour à la retraite à 62 ans avant même la fin du conclave. D'où cette dose de pression qu'a remise samedi, sur LCI, le numéro 1 des socialistes Olivier Faure - en campagne pour sa réélection à la tête du parti : "Il faut que le Parlement à un moment soit saisi [à l'issue du conclave retraites]. S'il ne l'était pas, alors effectivement la censure serait pour moi une obligation morale par rapport aux Français et aux Françaises qui nous ont fait confiance pour porter ce message".

"Agiter à nouveau cette menace serait absurde (...) Nous n'avons pas à précipiter les échéances au risque de faire le jeu de LFI ou du RN", a tempéré lundi l'ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin dans Le Monde. Reste que la fin du conclave, normalement prévue fin mai, sera décisive. Un tournant pour la survie de François Bayrou, de l'aveu de ses propres troupes. Les députés socialistes sont divisés, mais demain, si rien ne se passe, si le Parlement ne récupère aucun texte, ils pourraient s'unir pour faire tomber le gouvernement.

Avec François Bayrou, "c'est l'histoire d'un rendez-vous manqué"

Pour l'instant, le groupe PS est paralysé par ses divisions avant le congrès du parti, mi-juin, divisé entre les pro Oliver Faure, plus à gauche, les pro Boris Vallaud qui s'installent, le clan Philippe Brun, les anti-censure... Surtout que certains craignent la dissolution au vu des divisions à gauche. La censure reste difficile à assumer dans certaines circonscriptions. Il faudrait qu'un sujet, qu'un marqueur s'impose pour recréer de l'unité, comme les retraites.

Certains regrettent d'avoir sauvé François Bayrou, amers, comme ce député de l'aile gauche du PS : "Toutes les concessions qu'on a eues sont cosmétiques". Selon lui, "l'expérience Bayrou est un échec, c'est l'histoire d'un rendez-vous manqué, il essaie simplement de nous coincer dans une obligation de responsabilité". Sentiment partagé par un autre qui s'est opposé à la censure : "Cette succession de petits cailloux noirs commence à faire mal dans la chaussure". En plus d'un texte retraites, ils veulent des gages. Un socialiste de poids assure à franceinfo qu'il fait passer des messages à l'entourage du Premier ministre et réclame un rendez-vous à Matignon pour faire le point afin d'éviter "une nouvelle crise". Messages en attente de réponse.

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