Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau rompt avec la tradition de l'iftar à la Grande mosquée de Paris

Le ministre, qui est aussi celui des cultes, a décliné l'invitation à rompre le jeûne au sein de l'institution mardi soir. Rien à voir avec la crise en cours avec l'Algérie, d'après son entourage, qui avance une autre raison.

Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a refusé de participer à une vingtaine d'iftar, selon son entourage. (LP / FRED DUGIT / MAXPPP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a refusé de participer à une vingtaine d'iftar, selon son entourage. (LP / FRED DUGIT / MAXPPP)

C'était jusque-là une tradition. Les ministres de l'Intérieur avant Bruno Retailleau ont toujours partagé l'iftar, à la Grande mosquée de Paris ou ailleurs, ce repas qui marque la fin d'une journée de jeûne des musulmans pratiquants pendant le Ramadan. Mais mardi 18 mars au soir, l'actuel locataire de Beauvau a refusé de se rendre à celle de l'institution religieuse, en présence d'une trentaine d'ambassadeurs de pays musulmans. Rien à voir avec la crise diplomatique avec l'Algérie, proche de l'institution, assure pourtant son entourage à franceinfo. 

Bruno Retailleau refuse de participer à un dîner qui est connoté religieusement, assure l’un de ses proches. Le Vendéen aurait d’ailleurs décliné une vingtaine d'invitations à partager l'iftar. Pour son entourage, il y a une différence entre ce qui relève du rite religieux - comme selon lui la rupture du jeûne donc, et ce qui relève de l’institutionnel, comme l'inauguration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, ou les dîners du Crif, où le ministre s'est déjà rendu. Il n’irait pas par exemple, toujours d'après son entourage, "à la messe du vendredi Saint". Pourtant, dans les faits, il a bien assisté en tant que ministre à la messe du pape à Ajaccio en décembre 2024, donc à un office religieux, sans s'inquiéter du respect de la laïcité.

Un choix politique

D'après Franck Fregosi, chercheur au CNRS, auteur de "Penser l'islam dans la laïcité", le fait pour un ministre de participer à l'iftar à la Grande mosquée ne va pas à l'encontre de la laïcité, puisqu'il s'agit non pas d'une prière, mais d'un repas de convivialité, sur invitation. C'est même devenu, depuis des décennies, pour les élus, un moment de rencontre officielle, avec les référents des cultes.

Bruno Retailleau fait, selon lui, un choix politique. "Il cherche à prendre de court tout le monde, il s'invente une lignée plus laïque que les laïcs eux-mêmes", décrypte le politologue. Le ministre est en pleine course pour la présidence des LR et cherche donc à parler à la droite, mais aussi, pour l'avenir, à la droite de la droite, et à se montrer intransigeant, cette fois sur la laïcité. Quitte à être accusé par la gauche de stigmatiser l'islam pour servir ses ambitions.

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