"L'union des droites", un concept qui peine à convaincre en France

Cette alliance entre les forces de droite et d'extrême droite a déjà été faite à l'étranger, notamment en Italie, mais reste pour l'instant difficile à matérialiser dans l'Hexagone.

Article rédigé par Pierrick Bonno
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Bruno Retailleau et Marine Le Pen à l'Assemblée nationale en octobre 2024. (ALAIN JOCARD / AFP)
Bruno Retailleau et Marine Le Pen à l'Assemblée nationale en octobre 2024. (ALAIN JOCARD / AFP)

De l'Italie à la Suède en passant par les Pays-Bas, de plus en plus de nos voisins européens sont tentés par l'Union des droites. Parfois ça marche, notamment pour le cas italien, mais en France le concept peine à convaincre. Focus sur cette alliance impossible entre les forces de droite et d'extrême droite françaises. Marion Maréchal, Eric Zemmour, Eric Ciotti et même Laurent Wauquiez... Ils sont nombreux à réclamer l'union des droites, mais Marine Le Pen n'en veut toujours pas.

Le Pen veut rassembler et "n'exclut pas la gauche"...

Droite dans ses bottes, jeudi 25 septembre au soir chez nos confrères de LCI, la cheffe des députés du RN balaye encore une fois d'un revers de main la proposition de ses concurrents à droite. "Pour faire cette union, explique Marine Le Pen, il faut se positionner à droite. Or, je suis ni de droite ni de gauche" Elle qui a l'habitude, en privé, de considérer que ce concept est "ringard", trop réducteur. "Quand on se met dans le costume de président de la République, on n'exclut pas la gauche", explique un député d'extrême-droite qui reconnaît que sur le fond, le programme du RN penche "largement à droite".

En clair, Marine Le Pen veut rassembler, y compris à gauche. L'état-major du RN prend souvent l'exemple de la campagne victorieuse de Nicolas Sarkozy en 2007, où le patron de la droite était parvenu à aller chercher des voix dans l'électorat populaire. D'ailleurs, fait remarquer un stratège mariniste, selon les sondages, 17% des reports de voix de Jean-Luc Mélenchon se serait faits sur Marine Le Pen au second tour de la Présidentielle de 2022.

... quand Bardella s'affiche clairement de droite et pro-business

Ce n'est pas la seule raison. Je discutais cette semaine avec un ancien cadre du RN qui dépeint son ancien port d'attache comme, je cite, "un parti nombriliste, qui a la culture des ralliements, mais pas des alliances. En somme, un parti qui veut absolument rester en position hégémonique." Alors le RN s'est pourtant bien allié avec Eric Ciotti après la dissolution. "Oui, mais Marine Le Pen et Jordan Bardella n'avaient pas le choix, rétorque un fin connaisseur du parti. A l'époque, ils visaient la majorité absolue et avaient besoin de sièges"

Autour de la patronne des députés du RN pourtant, ça pousse sérieusement pour l'Union des droites. A commencer par Jordan Bardella, le patron du parti, qui se revendique de plus en plus homme de droite. Et qui l'écrit dans son livre Ce que je cherche, paru en octobre dernier : "Les victoires futures passeront par l’unité du camp patriote, par une capacité à agréger les orphelins d’une droite plus orléaniste." Jordan Bardella qui affiche de plus en plus son penchant libéral, pro-business. Il a été reçu au début de l'été par une figure tutélaire de la droite : Nicolas Sarkozy. Et qui l'a fait savoir. De là à dire que Marine Le Pen est le dernier obstacle à l'union des droites, il n'y a qu'un pas que certains à l'extrême droite n'hésitent plus à franchir.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.