François Bayrou et la "diplomatie du petit déjeuner"

Sous l'impulsion de François Bayrou, les petits déjeuners politiques se sont imposés comme un rituel matinal régulier. Loin des décisions officielles, ces rendez-vous veulent nourrir l'esprit d’équipe et fluidifier les échanges au sein d’un gouvernement composite.

Article rédigé par Audrey Tison
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
François Bayrou lors du Conseil des ministres à l'Elysée, Paris, le 9 avril 2025. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)
François Bayrou lors du Conseil des ministres à l'Elysée, Paris, le 9 avril 2025. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

La "diplomatie du petit déjeuner", instaurée par François Bayrou, est une formule inventée pour expliquer ces rendez-vous qui doivent mettre de l'huile dans les rouages. Au matin du 10 avril, tous les ministres sont en train d'entrer à Matignon pour l'un de ces fameux petits déjeuners, rendez-vous à 7h30. Vu de l'extérieur ça ressemble à un Conseil des ministres bis, en un peu plus détendu, sans le président. Le Premier ministre fait le point sur des sujets transversaux, et "anime une équipe qui compte des personnalités d'horizons différents", explique son entourage. François Bayrou y parle notamment de "collectif" dans le gouvernement. Un ou deux ministres font une présentation sur un sujet technique. La parole y circule librement, un micro passe de main en main.

Cependant, ce n'est pas là que les décisions se prennent puisque, pour ça, il y a des réunions en comité plus restreint. "Ça me permet surtout de savoir ce que préparent les autres", raconte un jeune ministre, tandis qu'une autre y voit surtout une occasion de "créer du lien" avec ses collègues, un moment qu'elle n'avait pas connu dans les précédents gouvernements. Un ministre Les Républicains raconte comment il découvre ces ministres macronistes qu'il ne connaissait pas personnellement, il avoue être agréablement surpris.

Un évènement encore plus régulier, tous les mardis : les petits déjeuners de la majorité. Cette fois François Bayrou réunit les cinq chefs de groupes parlementaires censés le soutenir à l'Assemblée, et les cinq du Sénat. Personne ne le considère vraiment comme le "chef de la majorité", l'expression fait même rire étant donné la majorité relative à l'Assemblée et le peu d'unité affichée par ce "socle commun". Les parlementaires préfèrent parlent de "coordinateur". Il s'agit surtout de mettre en musique le travail législatif et d'avoir un lieu d'échange entre des chefs de groupes comme Laurent Wauquiez et Gabriel Attal qui échangent très peu. Certains en profitent pour pousser un coup de gueule, spécialité de Laurent Wauquiez qui a déjà critiqué ouvertement la méthode du gouvernement. Le chef des députés LR a d'ailleurs a séché le dernier petit déjeuner, au lendemain d'une séance de l'Assemblée chaotique.

Quand la coordination politique prend des airs de repas de famille

Mais là, aussi certains participants se demandent parfois ce qu'ils font là : "Ce n'est pas le moment le plus productif de ma semaine, la seule question importante c'est quand le Premier ministre demande : qui veut un yaourt ?", raconte un chef de groupe. Quand d'autres regrettent un côté "café du commerce" qui commente l'actualité.

Le dernier né des rendez-vous gastronomiques à Matignon : le dîner, réunissant les chefs des partis du socle commun, qui n'a eu lieu qu'une fois il y a deux semaines, dans la foulée de la poussée de tension entre Édouard Philippe et François Bayrou. Le Premier ministre a conclu qu'il devait aussi tenter de coordonner les partis politiques du socle commun, notamment en vue des prochaines municipales. L'histoire ne raconte pas s'il y a eu des yaourts en dessert. 

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