Fin du conclave des retraites : les socialistes remettent la pression et menacent de nouveau de faire tomber François Bayrou

Si le Premier ministre ne dépose pas de texte sur les avancées du conclave, comme il s'y était engagé, le patron des députés socialistes Boris Vallaud promet de voter une motion de censure.

Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Boris Vallaud, le président des députés socialistes, à l'Assemblée nationale, le 4 décembre 2024. (ALAIN JOCARD / AFP)
Boris Vallaud, le président des députés socialistes, à l'Assemblée nationale, le 4 décembre 2024. (ALAIN JOCARD / AFP)

Le conclave des retraites, qui s'est donné mardi 17 juin une journée supplémentaire de négociations prévue le 23 juin, touche à sa fin, et les socialistes voient venir ce qu'ils pressentent depuis des mois : l'entourloupe. En janvier, en échange de leur non-censure, François Bayrou s'est engagé à déposer un texte à l'Assemblée nationale en cas d'accord global des partenaires sociaux ou en cas "d'avancées issues des travaux (...) sous réserve d'un équilibre financier maintenu". C'est écrit noir sur blanc dans un courrier, passage entouré en rouge que le PS a tenu à renvoyer aux journalistes.

Sauf qu'il n'est plus question de faire voter les députés sur d'éventuelles avancées. Seul un accord sera soumis au Parlement, a finalement assuré le Premier ministre mardi dans l'hémicycle. "S'il n'y a pas d'accord, c'est la réforme telle quelle", des 64 ans, "qui s'appliquera". On oublie donc le mot "avancées" ou même "accord partiel". Pour le patron du PS Boris Vallaud si c'est ça, c'est clair : ce sera la censure. Pourtant tous ne sont pas alignés en interne, comme François Hollande à la droite du groupe. Pour lui, la censure peut conduire à une dissolution, et il ne souhaite pas d'élections avant 2027.

"Il s'est moqué de nous"

Depuis cet accord de non-censure il y a presque cinq mois, le patron du MoDem a déçu les socialistes. D'après eux, il n'a pas été à la hauteur de ce deal risqué, celui de s'éloigner du reste de la gauche en lui épargnant la censure. "Il nous a traités de façon totalement désinvolte, je lui en veux énormément, confie à franceinfo le député Laurent Baumel, il s'est moqué de nous, de la vie politique française, il se présente comme un homme de dialogue, mais il est orgueilleux autoritaire et imbu de lui-même". Le chef du gouvernement irait selon lui jusqu'à se prendre "pour le général De Gaulle, à distribuer les bons points, à faire la morale".

Il est même devenu la risée des socialistes, à cause de son comportement, ses maladresses et ses hésitations. "Je ne sais pas s'il yoyotte ou s'il a une haute estime de lui-même", tacle un pilier du PS. Les socialistes hésitent maintenant à l'interpeller lors des questions au gouvernement "par peur des réponses" d'après l'un d'eux : "Ça devient gênant !" Un député socialiste assure à franceinfo que des macronistes, censés soutenir François Bayrou, lui demandent de déposer et de voter la censure parce qu'eux-mêmes n'en peuvent plus. Mais le maire de Pau tient, et peut tenir encore longtemps, même en cas de censure du PS puisque le RN n'a pas prévu de la voter. Du moins... pas pour l'instant.

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