Discours de politique générale : Élisabeth Borne aura-t-elle à annoncer un retour sur sa propre réforme des retraites ?

Quand François Bayrou donnera mardi ses grandes orientations à l'Assemblée nationale, la numéro 2 de son gouvernement, l'actuelle ministre de l'Éducation nationale, lira, comme le veut l'usage, le même texte, en simultané, au Sénat.

Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
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Temps de lecture : 2min
La ministre de l'Éducation Élisabeth Borne, le 6 janvier 2025. (LE PARISIEN / ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)
La ministre de l'Éducation Élisabeth Borne, le 6 janvier 2025. (LE PARISIEN / ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

Une situation pourrait s'avérer cocasse, voire cruelle, au moment où le Premier ministre va s'exprimer cet après-midi, mardi 14 janvier, à 15h . Comme le veut la tradition, le deuxième membre du gouvernement - dans l'ordre protocolaire - aura à lire la déclaration de politique générale en même temps, dans l'autre chambre, au Sénat. Et c'est Élisabeth Borne, qui s'y collera, puisque l'actuelle ministre de l'Éducation nationale est deuxième dans l'ordre protocolaire de son gouvernement.

C'est donc elle, "madame Réforme des retraites", qui risque peut-être d'annoncer la suspension, le gel ou la renégociation de sa propre réforme. Tout dépendra évidemment des derniers arbitrages, les socialistes dénoncent mardi matin un revirement du Premier ministre, mais tout est encore possible d'ici 15h.

Ce 49.3 qui lui colle à la peau

Chahutée à l'époque par la gauche, attaquée sur cette réforme pendant des mois, elle se défendait au moment du 49.3 en ces termes : "C'est sur votre réforme, sur le texte du Parlement, fruit d'un compromis entre les deux assemblées, que je suis prête à engager ma responsabilité." Moquée à l'Assemblée et dans la rue, elle reconnaît d'ailleurs dans un livre confession que cette décision lui collera à la peau et la rendra "extrêmement impopulaire".

Cet après-midi sera ainsi tout en symbole. À en croire un conseiller de l'ex majorité, devant les sénateurs, Élisabeth Borne se retrouverait selon lui "dans la pire des configurations, bien pire même que le Premier ministre François Bayrou". Elle serait obligée de "se renier, devant une chambre farouchement opposée au retrait", ou à une suspension de sa réforme, dit-il, une "double peine", selon lui.

Certains esprits pourraient y voir un cadeau empoisonné de la part de François Bayrou. Quand elle occupait sa place, à Matignon, l'homme était dur et laissait entendre qu'elle n'était pas la femme de la situation. Mais il ne faut pas imaginer qu'il avait un plan machiavélique en tête, en plaçant Élisabeth Borne en deuxième position de son gouvernement pour qu'elle se retrouve dans une telle situation. Au contraire, les deux ont maintenant développé "une relation solide", d'après une ministre à franceinfo, au point de parler d'une même voix tout à l'heure dans les deux chambres.

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