Avant l'annonce du prochain gouvernement, le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau reste omniprésent

Le nouveau Premier ministre François Bayrou consulte ce lundi et mardi les forces politiques pour tenter de dégager une majorité avant de constituer son gouvernement. Bruno Retailleau en fera-t-il partie ? Actualité oblige, le locataire de Beauvau est sur tous les fronts.

Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse sur la situation à Mayotte samedi 14 décembre avec à sa gauche le nouveau Premier ministre François Bayrou. (YOAN VALAT / EPA)
Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse sur la situation à Mayotte samedi 14 décembre avec à sa gauche le nouveau Premier ministre François Bayrou. (YOAN VALAT / EPA)

Dans le quotidien de Bruno Retailleau, la censure n'a presque rien changé. Réunion sur la crise migratoire à Londres, accueil du pape en Corse, et cyclone à Mayotte. Le ministre de l'Intérieur - démissionnaire - est l'un des seuls encore sur le pont, à cause de l'actualité. Utile pour se montrer indispensable quand son propre poste est en jeu, et au moment où le nouveau chef du gouvernement multiplie les contacts pour constituer sa prochaine équipe. À la sortie d'une cellule de crise sur Mayotte, samedi 14 décembre, le nouveau Premier ministre lui cède même sa place lors d'un point presse. Une scène qui interpelle où l'on voit François Bayrou, comme agacé de ne pas être questionné sur le sujet, quitter la scène, laisser en plan ses ministres, renforçant, peut-être sans le vouloir, Bruno Retailleau.

Bruno Retailleau est le premier ministre démissionnaire que François Bayrou a reçu vendredi 13 décembre, quelques heures après sa nomination, pour échanger leurs visions sur la suite. "C'est un bon signal, assure à franceinfo un stratège de droite, la meilleure porte d'entrée vers Les Républicains". Puisque même si les relations sont tendues entre leur patron Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, des figures du parti ne jurent que par ce dernier. L'influent patron du Sénat Gérard Larcher ne cesse de pousser son nom, pareil pour Michel Barnier, qu'il qualifie en privé de "constant, loyal, efficace, du début à la fin". L'ex-sénateur redonne des couleurs à la droite d'après son entourage.

Bruno Retailleau "rouvre un canal" entre la droite et les Français

Autour de lui, on est persuadé que sa présence au gouvernement permet à la droite de "rouvrir un canal dans le cerveau des Français", confie l'un de ses proches à franceinfo. Il fallait avant "travailler comme des chiens pour obtenir une interview, maintenant un simple tweet et on a dix émissions derrière". Pour certains, la période a aidé Bruno Retailleau à imprimer, notamment la distance entre le président et le Premier ministre. "Il a émergé des silences", pense un élu macroniste. Cet espace lui a permis d'y aller à fond, son entourage avoue qu'il ne se donne pas "les limites habituelles d'un ministre", que le risque de censure l'encourage à "incarner des combats et prendre des risques, sur ça c'est un fils de [Nicolas] Sarkozy".

Restera-t-il à Beauvau ? Trop tôt pour le dire, son entourage reste prudent : "On n'est qu'au début des discussions sur la ligne globale du gouvernement, s'il faut mener une politique loin de ses convictions il ne restera pas". On comprend que le ministre démissionnaire peut renoncer à un texte immigration, mais qu'il faudra s'emparer du sujet. Pour François Bayrou l'équation est périlleuse : garder le Vendéen risque de lui faire perdre la gauche, mais sans lui, ce serait devoir faire sans la droite.

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