Guerre Iran-Israël : les prix du pétrole vont-ils flamber en cas de fermeture du détroit d’Ormuz ?

L’Iran menace de fermer le détroit d’Ormuz, cet espace de passage très étroit situé entre l’Iran et les émirats, par lequel transite 20% du pétrole consommé dans le monde.

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les gardiens de la révolution iraniens patrouillant autour du pétrolier dans le détroit d'Ormuz, le 21 juillet 2019. (HASAN SHIRVANI / MIZAN NEWS AGENCY)
Les gardiens de la révolution iraniens patrouillant autour du pétrolier dans le détroit d'Ormuz, le 21 juillet 2019. (HASAN SHIRVANI / MIZAN NEWS AGENCY)

Après l'attaque américaine contre des installations nucléaires iraniennes, dans la nuit de samedi 21 à dimanche 22 juin . L’Iran menace de fermer le détroit d’Ormuz, cet espace de passage très étroit situé entre l’Iran et les émirats, par lequel transite 20% du pétrole consommé dans le monde, ce qui pourrait avoir des conséquences sur le prix du pétrole. Deux références fixent les cours du pétrole : le baril WTI (référence des prix du pétrole aux États-Unis) et le brent de Mer du Nord (référence en Europe). Lundi 23 juin, le baril WTI valait 81 dollars ; celui du brent 79 dollars. À titre de comparaison, au mois de mai les prix évoluaient entre 62 et 65 dollars. Le baril a donc pris entre 15 et 20 dollars en l’espace d’un mois.

L’Iran figure parmi les dix plus grands producteurs de pétrole au monde. Les 20% du pétrole mondial qui transite par le détroit d’Ormuz pèsent quelque 600 milliards de dollars par an. Ce détroit de 55 kilomètres de large est situé entre le golfe d’Oman et le golfe persique qui permet de relier directement l’Océan indien. Autant dire un lieu stratégique, car c’est un passage utilisé aussi pour le fret maritime, les marchandises, par le Koweit, l’Irak et le Qatar notamment.

Des conséquences difficilement chiffrables 

Quelles seraient les conséquences d’un blocage du détroit d’Ormuz sur les prix du pétrole ? D’évidence une flambée, mais inchiffrable immédiatement, car trop de paramètres entrent en jeu, dont la réaction des autres pays producteurs de l’OPEP+ avec la Russie. Dans une hypothèse haute, il faut avoir comme référence les 140 dollars le baril atteint pendant la crise de 2008, bien au-dessus encore des chocs de 1973 et 1979, avec chute du régime en place à Téhéran avec la Révolution iranienne. L’impact sur le prix des carburants à la pompe intervient toujours avec un délai de quelques semaines. Une question d'autant plus sensible à deux semaines des départs en vacances. Enfin, en plus du pétrole, Il y a le gaz naturel liquéfié (GNL). Un tiers de la production mondiale de GNL transite par le détroit d’Ormuz.

Nous achetons le baril de pétrole en dollar. Or, actuellement le dollar est au plus bas face à l’euro depuis trois ans. Nous achetons donc le pétrole à un prix relativement compétitif. Mais en cas de flambée des prix du carburant à la pompe, l’État français, avec sa dette colossale, n’a plus les moyens financiers d’être aussi protecteur qu’en 2022 après le déclenchement de la guerre en Ukraine. L’État garde à l’esprit que la crise des Gilets jaunes avait commencé à cause de la flambée du prix des carburants.

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