Démission de Sébastien Lecornu : dans un souci "d'apaisement", le Medef suspend sa mobilisation prévue à Bercy

L'idée d'un grand rassemblement des chefs d'entreprise n’est pas pour autant abandonnée, mais reportée sine die.

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Patrick Martin, président du Medef, prononce un discours lors de La REF 2025, le 28 aout 2025. (THIBAUD MORITZ / POOL)
Patrick Martin, président du Medef, prononce un discours lors de La REF 2025, le 28 aout 2025. (THIBAUD MORITZ / POOL)

La première organisation patronale française (Medef) ne veut pas jeter d’huile sur le feu en pleine crise politique et reporte la grande réunion publique prévue le 13 octobre prochain. "Le moment d'extrême tension que nous traversons nous incite à contribuer à participer à l'apaisement du pays", explique l'organisation patronale dans un communiqué. Cette mobilisation devait marquer l'inquiétude des patrons face à une une possible hausse de leurs impôts dans le budget 2026. Une initiative déclenchée autour du débat sur la taxe Zucman, du nom de l’économiste Gabriel Zucman, qui suggère d’instaurer un impôt sur les très hauts patrimoines. La réunion publique devait se tenir lundi  à l’Accor Arena de Bercy, la grande salle de concerts et de spectacles le située à côté du ministère de l’Économie et des Finances à Paris. Le rendez-vous est donc reporté sine die.

Pour Patrick Martin, président du Medef, la France traverse une crise majeure, paralysée politiquement et économiquement. "Le décrochage de l'économie française est enclenché",insiste-t-il sur franceinfo, mardi 7 octobre. Avec la démission du tout frais Premier ministre Sébastien Lecornu, nous sommes entrés dans une nouvelle phase qui risque de nous conduire à une crise institutionnelle. Donc, inutile d’en rajouter. L’idée d'un grand rassemblement n’est pas pour antant abandonnée.

Pas toutes les organisations mobilisées

Les patrons sont sur le qui-vive, mais dans cette ambiance délétère, la mobilisation pour le 13 octobre n'était pas totale. Deux organisations de petits patrons boudaient, par exemple, cette réunion publique. La CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) et l’U2P (commerçants et artisans), toutes deux regrettant notamment de ne pas avoir été consultées en amont. Il était donc difficile pour le patron des patrons, Patrick Martin, de renouveler la précédente grande mobilisation, qui avait réuni 25 000 chefs d’entreprises au parc des Expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis) en... 1982, organisé par le CNPF, l’ancêtre du Medef pour protester contre les politiques mises en place par le président socialiste François Mitterrand.

La situation n’est pas la même aujourd’hui, mais la crise politique a un coût réel pour l’économie. Climat économique et social détérioré, manque de visibilité… les entrepreneurs attendent d’y voir plus clair avant d’investir et cela pèse sur l’activité générale. L’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) a chiffré l’impact de l’attentisme créé par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024. La crise politique a déjà coûté à l’économie française 0,3% de PIB (la richesse nationale). 0,1 point de PIB représente environ trois milliards d’euros. Ce qui veut dire que nous avons déjà perdu quelque dix milliards d’euros sur un an. Si la crise continue, la facture ne peut que s'alourdir.

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