Avec l'offensive indienne sur l’acier allemand, la restructuration du secteur métallurgique se poursuit en Europe

Le conglomérat indien Jindal Steel souhaite racheter la branche acier de l'allemand ThyssenKrupp, premier sidérurgiste européen, en difficulté face à la concurrence chinoise et au coût de l’énergie.

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un employé travaille sur la nouvelle ligne de coulée continue de brames de l'aciérie Thyssenkrupp à Duisburg, le 4 juillet 2025. (INA FASSBENDER / AFP)
Un employé travaille sur la nouvelle ligne de coulée continue de brames de l'aciérie Thyssenkrupp à Duisburg, le 4 juillet 2025. (INA FASSBENDER / AFP)

Un groupe indien veut racheter une partie du géant allemand ThyssenKrupp, a indiqué mardi 16 septembre, le conglomérat industriel allemand. En pleine déconfiture du secteur métallurgique en Europe, tous les coups sont permis. Le prétendant en question est l’indien Jindal Steel, qui présente une offre de reprise de l’intégralité de la branche acier de ThyssenKrupp, le conglomérat industriel allemand devenu symbole des déboires de l’acier européen. Une offre que ne rejette pas la direction de Thyssen. Elle affirme qu’elle va regarder la viabilité économique de l’affaire, s'assurer de la poursuite de la transformation écologique et, bien sûr, demander des garanties sur la sauvegarde de l’emploi.

Il faut dire que le groupe allemand est engagé dans un vaste plan de transformation. C’est le premier sidérurgiste européen, mais il est plombé par la concurrence chinoise. Le groupe est engagé dans un plan de suppression de 11 000 postes et vise à réduire sa production. L’Indien entend sécuriser cette production et créer de nouvelles opportunités commerciales. Le scénario annoncé est bien beau sur le papier, mais en quoi l’Indien pourra-t-il faire mieux que le groupe allemand ? C’est toute la question, sauf à le faire à des conditions dégradées a coup de dumping social, par exemple.

Le coût de l'énergie pèse sur les entreprises

Si on prend une photo du secteur sidérurgique européen aujourd’hui, elle montre d’abord un coût trop important de l’énergie en Europe qui, malgré une nette amélioration pour les ménages, reste une charge très lourde pour les entreprises grandes consommatrices, comme c’est le cas dans la métallurgie. Par ailleurs, la surproduction d’acier chinois inonde le monde grâce à des prix très bas, avec des charges fiscales beaucoup plus lourdes, les producteurs européens ne peuvent pas rivaliser. Enfin, troisième élément déterminant : le manque de demande intérieure en Europe à cause d’une économie qui tourne au ralenti. La crise est violente. Sans parler des nouvelles taxes douanières imposées par Donald Trump sur l’acier importé sur le sol américain.

La production mondiale d’acier est supérieure à la demande. On chiffre aujourd’hui les surcapacités mondiales à environ 600 millions de tonnes de production annuelle. Pour parler uniquement de la Chine, elle a exporté l’année dernière entre 100 et 120 millions de tonnes d'acier, soit l’équivalent de toute la consommation européenne sur l’année. Ce phénomène structurel est parti pour durer.

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