Pollution aux microplastiques : de l'Ebre à la Tamise, tous les grands fleuves européens sont envahis
C’est ce qui ressort d'une campagne d'analyse inédite menée par les équipes du bateau scientifique "Tara" et une quarantaine de chercheurs.
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En 2019, l'expédition Tara Microplastiques a réalisé des prélèvements dans neuf grands fleuves européens : la Loire , la Seine, la Garonne, le Rhin, le Rhône ainsi que le Tibre en Italie, l'Elbe en Europe Centrale, la Tamise en Angleterre et l'Ebre en Espagne. L'analyse des 2 700 échantillons prélevés témoigne de la présence alarmante de microplastiques dans tous ces grands fleuves, en surface et en profondeur.
Pour avoir une idée : si on plaçait un tamis en travers de la Seine pour filtrer toute l'eau qui s'écoule, on pourrait constater que 900 microplastiques de la taille d’un grain de riz ou plus y restent bloqués en moyenne chaque seconde. Et ces gros microplastiques ne sont que la partie émergée de l'iceberg car les petits microplastiques, ceux invisibles à l’œil nu, sont 1 000 fois plus nombreux en nombre et en masse.
Vecteur de bactéries dangereuses
Ces microplastiques trouvés dans les fleuves sont issus de la dégradation de déchets abandonnés sur les berges ou charriés par les eaux de ruissellement, notamment des contenants alimentaires à usage unique. Et découverte inattendue, un quart d’entre eux proviennent aussi, non pas de déchets, mais de granulés de plastique industriels échappés des sites de transports ou de production.
Le problème est que ces microplastiques interagissent avec la biodiversité des fleuves, puis des océans dans lesquels ils se déversent. Ils peuvent également servir de support, de radeau, pour transporter des bactéries. Les chercheurs en ont identifié au moins une qui peut causer chez l'homme des otites ou des infections intestinales. Pour les auteurs de ces travaux qui ont mobilisé 19 laboratoires durant cinq ans, "ces chiffres confirment que nous faisons face à une pollution catastrophique des microplastiques dans notre environnement" .
"La seule solution efficace" pour enrayer cette pollution, selon Jean-François Ghiglione, directeur de recherche au CNRS, "c’est de réduire la production et la consommation" car le plastique qui se retrouve dans la nature peut y rester entre plusieurs dizaines et plusieurs centaines d’années. Or d'autres études ont prouvé la présence de microplastiques dans la chaîne alimentaire et différents organes du corps humain, avec un risque pour la santé qui est encore très mal documenté.
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