Des chercheurs tentent de concevoir une neuroprothèse capable de détecter une "intention de mouvement" pour les victimes d'AVC

Ces prothèses neuronales permettraient, si elles voient le jour, d'accélérer la rééducation des patients victimes d’AVC. Les premiers essais cliniques sont espérés entre 2027 et 2030.

Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Aujourd’hui, la rééducation après un AVC ne suffit pas toujours. Il arrive qu'à partir d’un certain stade, certains patients ne progressent plus (photo d'illustration). (SALESSE FLORIAN / MAXPPP)
Aujourd’hui, la rééducation après un AVC ne suffit pas toujours. Il arrive qu'à partir d’un certain stade, certains patients ne progressent plus (photo d'illustration). (SALESSE FLORIAN / MAXPPP)

La Semaine du cerveau, qui démarre lundi 10 mars, est l’occasion de faire le point sur un ambitieux projet de recherche porté notamment par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et plusieurs universités françaises. Des chercheurs veulent mettre au point des neuroprothèses pour le cerveau afin d'accélérer la rééducation des patients victimes d’AVC. Quelque 140 000 personnes sont atteintes d’un accident vasculaire cérébral chaque année en France. Dans 80% des cas, un caillot sanguin vient boucher une artère cérébrale, ce qui entraîne des troubles du langage et une paralysie d’un côté du corps. Les deux-tiers des patients survivent, mais cette maladie est la première cause de handicap acquis chez l’adulte.

Une trentaine de chercheurs travaillent à mettre au point des prothèses neuronales. Des sortes d'électrodes qui pourraient, à terme, être posées à la surface du cerveau, juste sous la boîte crânienne pour aider le patient à réapprendre certains mouvements. L’objectif est que ces prothèses puissent détecter, dans le cerveau d’une personne partiellement paralysée, une "intention de mouvement", l’envie d’attraper un objet, par exemple, alors que la main ne répond pas.

Si ce projet, baptisé "Brain Sync", aboutit, souligne Philippe Ciuciu, directeur de recherche au CEA, cette prothèse captera donc l’intention de mouvement dans les ondes du cerveau et la traduira en un signal électrique envoyé ensuite à la main ou à une autre partie du corps, par un circuit extérieur. L’espoir, c’est qu’avec ce genre de stimulation répétée, le cerveau du patient puisse recréer de nouvelles connexions neuronales, afin de pouvoir se passer à terme de la prothèse.

Comprendre le lien entre handicap et lésion du cerveau 

Aujourd’hui, la rééducation après un AVC ne suffit pas toujours. Il arrive qu'à partir d’un certain stade, certains patients ne progressent plus. Pour mettre au point ces neuroprothèses, il va falloir d’abord que les chercheurs comprennent, grâce à la participation d’une centaine de patients volontaires et aux techniques d’imagerie IRM, le lien entre le handicap et telle ou telle lésion du cerveau. Il va falloir aussi que des systèmes d’intelligence artificielle apprennent à lire les messages électriques du cerveau et l’intention de mouvement qui leur correspond : la volonté de lever le bras, de plier la jambe, de serrer les doigts.

Le défi est immense, mais ce projet de recherche, financé dans le cadre de France 2030, a été doté d’une enveloppe de 40 millions d’euros. Les premiers essais cliniques de cette neuroprothèse pour le cerveau devraient avoir lieu de façon expérimentale entre 2027 et 2030.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.