Comment des microplastiques se retrouvent-ils dans nos cerveaux ?

Plusieurs études scientifiques démontrent que les microplastiques présents dans notre cerveau viennent de notre assiette. Et plus ils sont en nombre, plus les personnes présentent des risques de troubles mentaux.

Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des microplastiques migrent des aliments ultratransformés consommés jusqu'au cerveau, et y entraînent des dysfonctionnements et des inflammations (photo d'illustration). (GRAFISSIMO / DIGITAL VISION VECTORS / VIA GETTY)
Des microplastiques migrent des aliments ultratransformés consommés jusqu'au cerveau, et y entraînent des dysfonctionnements et des inflammations (photo d'illustration). (GRAFISSIMO / DIGITAL VISION VECTORS / VIA GETTY)

De nouvelles études montrent que les microplastiques peuvent migrer de notre assiette à notre cerveau et influencer notre santé mentale. Pas moins de quatre articles scientifiques, publiés ce mois-ci dans la revue internationale Brain établissent un lien entre les microplastiques issus des aliments ultratransformés et l’augmentation mondiale des taux de dépression, de démences et autre trouble mental.

Dans le détail, ces chercheurs constatent d’abord que les plats préparés industriels ou déshydratés, chips, biscuits ou soda contiennent de fortes concentrations de microplastique issues de leur transformation et de leur emballage. Des nuggets de poulet, par exemple, contiennent 30 fois plus de microplastiques par gramme que du blanc de poulet classique. Autre chiffre : certains contenants en plastique peuvent libérer jusqu’à 4 millions de microplastiques à partir d’un seul centimètre carré de surface en l’espace trois minutes de chauffage par micro-ondes. Des prélèvements post mortem ont également montré que ces microplastiques s’infiltrent partout dans l’organisme, et qu’un cerveau humain contient l’équivalent d’une cuillère à café de microplastique. Cette concentration a augmenté de 50% en l’espace de 10 ans.

Se protéger en limitant l'exposition

Le lien de cause à effet entre ces microplastiques issus de l’alimentation et la santé mentale n’est pas établi, mais il existe des corrélations statistiques. Une étude sur 10 millions de participants a montré que les personnes qui consomment des aliments ultratransformés, présentent un risque dépression augmenté de 22% et un risque d’anxiété et de troubles du sommeil accru de plus de 40% par rapport à la moyenne. Par ailleurs, les personnes ayant un diagnostic de démence affichent aussi un taux de microplastiques dans le cerveau trois à cinq fois plus élevé que le reste de la population. Et d'après des tests menés sur des animaux, la présence de microplastique dans le cerveau entraîne des dysfonctionnements et des inflammations qui peuvent expliquer biologiquement l’apparition de certains troubles mentaux.

Comment se protéger puisque ces microplastiques sont partout ? Les auteurs de ces travaux recommandent déjà de limiter l’exposition aux microplastiques par des habitudes alimentaires simples : boire de l'eau du robinet plutôt qu’en bouteille quand c’est possible, utiliser du métal ou du verre pour la cuisson et la conservation ou encore limiter les plats préparés emballés dans du plastique. Car la bonne nouvelle c’est que l’organisme est capable d’éliminer une bonne partie de ces microparticules par la transpiration ou l’urine. Ça vaut donc la peine d'en limiter les sources. Chez les poissons, quand l’apport de microplastiques est stoppé, il faut environ 70 jours pour éliminer 75% des microplastiques accumulés dans le cerveau.

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