Cancers : les espoirs suscités par la technique de la radiothérapie flash développée par l’Institut Curie

L’Institut Curie a annoncé mardi le démarrage d’un projet de construction d'une machine permettant de délivrer cette radiothérapie flash. Avec ce traitement, la dose de rayons envoyée est plus importante, mais sur temps réduit.

Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'effet flash du traitement doit permettre d’atteindre des tumeurs plus profondes,  mais aussi d’épargner les cellules normales aux alentours. (CAPTURE D'ECRAN INSTITUT CURIE)
L'effet flash du traitement doit permettre d’atteindre des tumeurs plus profondes, mais aussi d’épargner les cellules normales aux alentours. (CAPTURE D'ECRAN INSTITUT CURIE)

La France investit dans la radiothérapie flash, une technique prometteuse pour soigner les cancers de mauvais pronostic. Nous connaissons la radiothérapie classique, qui attaque les tumeurs par des rayonnements d'énergie ciblés, c'est, actuellement, l’une des principales armes de lutte contre le cancer, avec la chirurgie ou la chimiothérapie. La radiothérapie “flash” est la radiothérapie de demain. Elle agit comme la radiothérapie classique, mais de façon plus efficace et avec moins d’effets secondaires.

Le principe consiste à délivrer dans la tumeur une dose de rayons 10 à 15 fois plus intense que celle d’une radiothérapie conventionnelle, grâce à des électrons de très haute énergie, mais tout cela sur un temps extrêmement réduit. Le traitement dure moins d’une seconde. D'où l'expression "flash". Cet effet flash, intense, permet à la fois d’atteindre des tumeurs plus profondes, jusqu'à 20 à 30 cm en profondeur dans les tissus, mais aussi d’épargner les cellules normales aux alentours.
Ce qui signifie, pour le patient, moins de séquelles.

Le Commissariat à l'énergie atomique partie prenante

L’Institut Curie a annoncé officiellement,mardi 28 janvier, le démarrage d’un projet de construction de la machine permettant de délivrer cette radiothérapie flash. Cette technique médicale nécessite la mise en place d’un accélérateur de particules pour délivrer les fameux électrons de très haute énergie. L’Institut Curie travaille donc avec le CEA, le Commissariat à l'énergie atomique, pour construire cette machine à Orsay, d’ici 2026, et démarrer des essais cliniques en 2028.


Les patients qui pourront bénéficier de ces progrès seront avant tout ceux qui sont atteints de tumeurs profondes, de mauvais pronostic, et pour qui la radiothérapie classique est trop toxique actuellement. Il s’agit de tumeurs du cerveau, du thorax ou de l’abdomen, pour lesquelles il est très important de ne pas abîmer les tissus sains environnants. Cette technique semble prometteuse pour des cancers du poumon avancés, des cancers du pancréas ou des tumeurs de l’enfant, par exemple.

Cette avancée concerne plusieurs dizaines de milliers de patients et plus encore dans les années à venir, car l'incidence des cancers de mauvais pronostic risque d'augmenter de 30% dans les 15 ans qui viennent. Née à l’Institut Curie au début des années 2000, cette technique suscite beaucoup d’engouement. Plusieurs projets de recherche existent ailleurs, en Europe et aux États-Unis. En France, un deuxième projet de recherche implique également l’Institut Gustave Roussy, mais pour l’instant, l'utilisation médicale de cette radiothérapie flash n’est pas encore opérationnelle. La première équipe qui y parviendra réalisera donc une première mondiale.

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