Les bébés gardent des souvenirs dès 1 an, révèle une étude américaine

Des psychologues américains ont apporté la preuve que l'être humain a toujours des souvenirs de sa petite enfance.

Article rédigé par Vincent Nouyrigat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les bébés enregistrent aussi des souvenirs dans le siège de la mémoire. (photo d'illustration). (STEFAN TOMIC / E+ / VIA GETTY)
Les bébés enregistrent aussi des souvenirs dans le siège de la mémoire. (photo d'illustration). (STEFAN TOMIC / E+ / VIA GETTY)

Pour chacun d'entre nous, il est normalement impossible de se souvenir clairement des détails de notre vie de nourrisson ou d'enfants en bas âge, que ce soit les premiers biberons, les premières acrobaties ou les toutes premières expériences en général. On a parfois l'impression nébuleuse de se souvenir de quelques scènes de vie personnelle avant l'âge de 3 ans, mais ce sont souvent des reconstructions a posteriori. Les psychologues parlent "d'amnésie infantile", un phénomène assez mystérieux que les biologistes ont tenté d'expliquer par l'incapacité du cerveau immature à encoder ces souvenirs.

Pourtant, ces souvenirs existent bel et bien et c'est ce qu'ont montré des chercheurs dans une étude publiée dans la revue Science, (lien en anglais), le 20 mars 2025. Ils ont placé, avec soin, 26 bébés âgés de quatre mois à deux ans dans un appareil IRM. Les enfants devaient regarder la photo d'un nouveau visage, objet ou paysage, et une minute après, ils étaient exposés à la même image. Les scientifiques ont alors observé que les enfants s'attardaient plus longtemps sur la photo et qu'ils affichaient une forte activité neuronale au niveau de la partie postérieure de l'hippocampe.

Des indices dans le siège de la mémoire

Cette zone du cerveau est considérée chez les adultes comme le siège de la mémoire autobiographique et cela prouve que des souvenirs sont gravés dans ces jeunes esprits, surtout à partir d'un an. Ils sont, donc, probablement encore présents dans les cerveaux adultes, mais pour une raison encore inconnue, on ne parvient pas à y accéder consciemment.

Il est possible, techniquement, de les raviver et cela a déjà été réalisé chez des souris de laboratoire. Des biologistes ont trouvé le moyen de réactiver des souvenirs de jeunesse chez des rongeurs, mais en utilisant des techniques très lourdes et invasives de modifications des protéines et de prise de contrôle des activités cellulaires. C'est évidemment éthiquement impossible à reproduire chez l'humain.

On peut aussi se demander si ce serait vraiment souhaitable ou intéressant de court-circuiter ce mécanisme naturel d'amnésie. Ces souvenirs de bébés humains à quatre pattes, bénéficiant de soins parentaux très intenses, ne sont pas forcément utiles pour les bipèdes adultes que nous sommes. Reste à savoir si ces souvenirs cachés, joyeux ou douloureux, peuvent avoir une influence sur le comportement de notre vie.

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