La bactérie miroir, une découverte scientifique qui pourrait être fatale à l'humanité

Des chercheurs travaillent actuellement sur la synthèse de nouvelles molécules, créées en miroir sur des molécules existantes, mais ces recherches pourraient conduire à un grand danger. Vincent Nouyrigat, rédacteur en chef du magazine Epsiloon, revient sur cette découverte scientifique controversée.

Article rédigé par Vincent Nouyrigat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une scientifique dans un laboratoire, observe deux bactéries dans deux boîtes de pétri. (RAFE SWAN / VIA GETTY)
Une scientifique dans un laboratoire, observe deux bactéries dans deux boîtes de pétri. (RAFE SWAN / VIA GETTY)

Dans le monde de la recherche biologique, qui tente de créer par exemple de nouveaux médicaments, de nouveaux parfums, un nouveau danger potentiel porte un drôle de nom : la bactérie miroir. Une bactérie, tout le monde voit ce que c’est, mais une bactérie "miroir", de quoi s'agit-il ? Certaines molécules peuvent exister sous la forme de deux configurations géométriques différentes, l’une étant l’image de l’autre dans un miroir, exactement comme la main droite et la main gauche. Elles n'auront pas les mêmes propriétés.

Si les protéines sont dans un sens, par exemple "gauchères", les équipes de recherche travaillent actuellement à synthétiser des protéines "droitières". Un vrai scénario de science-fiction pour l'instant, mais d'ici 10 à 30 ans, on pourrait voir émerger dans les laboratoires des cellules miroirs !

Une avancée ou une menace ?

Le problème, c'est que même conçue avec les meilleures intentions, ces organismes complètement artificiels pourraient littéralement envahir la planète et nuire fortement à l'humanité. Les premières évaluations émises dans un rapport publié en décembre dernier montrent que notre système immunitaire serait incapable de reconnaître et de bloquer une bactérie miroir. La moindre infection risque donc d’être fatale. Même danger pour les autres mammifères, oiseaux, reptiles et amphibiens. Il y a aussi de réelles inquiétudes pour les végétaux, qui peuvent se faire contaminer au niveau des racines et des feuilles. L’humanité pourrait chercher en urgence des parades, tel que des antibiotiques miroir, mais malheureusement, ces bactéries pourraient évoluer et résister à ces nouveaux médicaments.

Pour éviter une catastrophe d'une telle ampleur, il suffirait d’interdire la fabrication d’organismes miroir. C’est l’enjeu principal de la première réunion qui va se tenir les 12 et 13 juin prochains à l’Institut Pasteur, à Paris. Des biologistes du monde entier, des immunologues, des chimistes, mais aussi des juristes, des sociologues, des philosophes et des décideurs politiques vont se réunir avec l’idée de dresser suffisamment d’obstacles pour empêcher cette création apocalyptique. À l’issue de cette réunion, faudra-t-il bloquer les financements de recherche, interdire certaines méthodes et surveiller le commerce de certains produits comme on le fait pour traquer la fabrication clandestine d’une bombe atomique. Malgré ce nouveau danger, c’est assez admirable que l’on commence à discuter d’une menace plusieurs décennies avant qu’elle ne se matérialise. La science est capable du pire, et parfois aussi du meilleur.

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