En Australie, des perroquets ont appris à boire de l'eau en ville en actionnant les fontaines publiques

À Sydney, loin de la forêt tropicale, des cacatoès à huppe jaune ont été surpris en train de se désaltérer en appuyant sur le robinet des fontaines publiques urbaines. Une prouesse animale qui s'est répandue dans leur petite communauté.

Article rédigé par Mathilde Fontez
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Cacatoès à huppe jaune, que l'on trouve principalement en Australie. Photo d'illustration. (ERIC DULIERE / MAXPPP)
Cacatoès à huppe jaune, que l'on trouve principalement en Australie. Photo d'illustration. (ERIC DULIERE / MAXPPP)

Les vidéos sont impressionnantes. Les chercheurs ont mené leur étude à l'aide de caméras avec des capteurs de mouvements, on peut donc voir ces magnifiques cacatoès à huppe jaune passer à l'action, en ce mois de juin. Ils manœuvrent avec leurs pattes et leur bec, pesant de tout leur poids pour abaisser la poignée de la fontaine, jusqu'à libérer le jet d'eau. Et ils réussissent à maintenir la poignée, le temps de se contorsionner et de s'offrir un peu d'eau fraîche. Un geste complexe qui nécessite une grande intelligence, une grande dextérité.

C'est la première fois qu'on voit ce comportement chez des oiseaux. D'après les chercheurs, cela fait deux ans qu'ils le maitrisent. Et leur étude a démontré que ce savoir-faire s'est répandu dans la communauté d'oiseaux. On parle de tradition culturelle : un jour, l'un de ces oiseaux a réussi à boire à la fontaine, et les autres ont appris en le regardant.

De plus en plus d'oiseaux exotiques en ville

Si le phénomène a été observé à Sydnay, en Australien, l'installation d'oiseaux exotiques dans les villes se généralise partout dans le monde. Cependant, il ne s'agit pas d'une migration naturelle ; ce sont à l'origine des oiseaux capturés en cage qui se sont échappés ou ont été relâchés, puis qui sont restés et qui se reproduisent dans les agglomérations.

On voit ce cas en France aussi, avec les perruches à collier : on en recense 10 000 en Île-de-France, mais on en voit aussi à Nancy, à Roubaix, à Toulouse, à Marseille ou à Montpellier. À tel point que ces oiseaux ont été officiellement qualifiés d'espèce exotique envahissante, parce qu'ils s'adaptent très bien à la ville. L'exemple des cacatoès et de la fontaine le prouve. On a aussi vu – à Sydney toujours – des cacatoès réussir à ouvrir des poubelles. À Phoenix, aux États-Unis, ils ont appris à utiliser les bouches d'aérations des climatiseurs pour se rafraichir.

Une installation opportuniste

Ces oiseaux s'adaptent à une vitesse saisissante, exploitant tous les avantages de la vie urbaine : en ville, il n'y a pas de serpents pour détruire leurs nids, les chats et les rats n'atteignent pas les nichées. Il y fait chaud grâce au béton. Il n'y a pas de braconnage, pas de déforestation.

Certains chercheurs commencent à parler de refuge urbain, pour des espèces de perroquets menacées de disparition. Alors ils sont bruyants, ils peuvent faire des dégâts - dans les vergers périurbains par exemple. De plus, il faut surveiller leur impact sur la faune locale. Mais cette migration a quelque chose de fascinant : ces animaux pourchassés, capturés, emprisonnés, ont repris leur destin en main, grâce à leur intelligence.

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