Naissance d'un "street party": la France transgressive
La France, qui vit au rythme de polémiques tous azimuts, verse aujourd'hui dans la transgression. Est-ce que ça va dégénérer ?
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Pour un pays qui devait être
apaisé, après cinq années passées sous la présidence d'un Nicolas Sarkozy
tumultueux, c'est plutôt raté. Nous avions fini 2013 avec Leonarda et les
bonnets rouges. Nous attaquons 2014 avec les quenelles de Dieudonné, les
affaires privées du président, les rumeurs sur une supposée théorie du genre à
l'école, et cette courbe du chômage qui ne va finalement plus s'inverser. N'en jetez
plus ! Mais pourquoi donc la France est-elle à ce point en
déprime ? La mort de deux jeunes à
Clichy-sous-Bois en octobre 2005 avait déclenché trois semaines d'émeutes dans
les banlieues. C'est à croire qu'une étincelle suffirait aujourd'hui pour rallumer
le feu. La manif anti-Hollande de dimanche dernier à de quoi nous inquiéter.
Il faut la prendre au sérieux ?
Quinze mille personnes dans
la rue, sans le moindre appel d'un parti ou d'un syndicat, c'est du jamais vu
sous la Vème République, du moins depuis les dix mille manifestants
d'extrême-gauche qui ont défilé en 77 contre l'extradition de Klaus Croissant,
l'avocat de la Fraction Armée rouge, rappelle Jean-Christophe Cambadélis. Pour
le député socialiste de Paris, l'extrême-droite occupe le vide laissé par la
droite traditionnelle, qui a selon lui " fait sortir le diable de sa boite "
en menant une présidentielle 2012 sur les plates-bandes du FN. La crise, le
chômage, les débats sociétaux comme le mariage pour tous ont radicalisé une frange extrême qui ne demandait qu'à l'être. L'UMP Henri Guaino se
lui-même dit dégoûté par les slogans racistes, antisémites,
homophobes des manifestants du Jour de
colère et affirme que "tout le monde joue avec le feu ". Nous avons assisté ce
week-end à la naissance de ce que Cambadélis appelle un street party,
un parti de la rue, à la manière des tea parties américains, indépendant
des représentations de la droite UMP, voire même du Front National, malgré
certaines connexions. Ce street party, qui communique via les réseaux sociaux, progresse
en étant transgressif, en surfant sur une vague antisémite destinée à choquer la
classe bourgeoise, avec des slogans jamais entendus depuis les années 30. La
transgression est devenue un mot d'ordre de ralliement dans une société en
proie à une crise profonde.
Le constant est pessimiste : la situation peut
déraper ?
A chaque polémique, chaque
mobilisation, il suffirait d'un fait divers, d'une provocation. Mais nous n'en
sommes pas encore là. Gaël Sliman de l'institut BVA estime qu'il y a un hiatus
entre ce que les médias placent sous leur loupe et les préoccupations des
Français, qui se moquent des amours présidentielles et des polémiques sociétales
qui enflamment la Twittosphère. Pour Brice Teinturier, responsable d'Ipsos, la
situation est moins tendue depuis que François Hollande a ouvert un nouveau
chapitre politique, avec ses annonces sur le pacte et un langage plus conforme
à la situation. Notre modèle social permet encore d'éviter l'explosion. Nous
serions donc loin du "grand soir ". La contestation reste cantonnée
aux marges, celles des bonnets rouges ou de ces street parties . Mais si
ces marges se déplacent vers le centre de l'échiquier politique, et dans toutes
les régions de France, il faudra s'alarmer. Le pays a besoin d'être "réenchanté ".
Attention aux étincelles : en un instant, tout peut
dégénérer.
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