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Martin Schulz, la "Nouvelle Star" des Européennes

Le parti socialiste veut mettre en avant le président du Parlement européen pour motiver ses électeurs. 

Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Les Européens populaires en
France sont assez rares. L'un des exemples les plus illustres est un
Hollandais, qui a grandi à Amsterdam, le chanteur Dave. Dans le monde
politique, celui dont il est question ne fait pas réellement partie des têtes
d'affiches nationales. Martin Schulz préside tout de même le parlement de
Strasbourg depuis deux ans. Cet Allemand âgé de 58 ans, ancien libraire de
formation et passionné de football, parle couramment le français, entre autres langues, lui qui a passé régulièrement ses
vacances en Bretagne. Le parti socialiste a décidé d'en faire son arme secrète
pour les élections européennes, et va le propulser sur le devant de la scène.
Ça démarre demain, avec un discours à la Mutualité à Paris devant des
secrétaires de section venus de toute la France, il y aura d'autres dates. Martin
Schulz est présenté comme le "candidat des socialistes à la commission
européenne".
 

Nous allons pourtant voter
pour des listes le 25 mai ?
 

Justement, c'est ça
l'idée : ce scrutin parait tellement compliqué aux yeux de tous depuis la
réforme de 2003, avec ces listes déclinées dans huit grandes circonscriptions
régionales. De plus, l'Europe, qui impacte pourtant notre vie quotidienne, fait
figure de repoussoir pour un grand nombre d'électeurs. Elle serait la source de
tous nos ennuis. Le PS, qui redoute une grande claque, entre l'abstention et le
vote sanction, a décidé de personnifier le vote avec celui qui fait figure de
grand favori pour succéder à José Manuel Barroso à la tête de la commission à
Bruxelles. 

Vous pouvez nous expliquer le mécanisme ?  

Il s'agit d'une disposition
du traité de Lisbonne : le futur patron de la Commission sera issu de la
famille politique majoritaire au Parlement. La rue de Solferino entend miser
sur la carte Schulz pendant la campagne, en espérant que le parti socialiste
européen, le PSE, va l'emporter le 25 mai. Le message est donc simple :
votez socialiste, c'est voter pour Martin Schulz futur président de la
Commission, qui mettra la barre à gauche à Bruxelles, main dans la main avec
François Hollande. Le pari est ambitieux, ce ne sera pas facile de populariser
un Allemand, même s'il est très francophile, et
plutôt avenant. Il y a pourtant un précédent : Dany Cohn-Bendit. Qui était
quand même français d'origine, et figure de proue de mai 68, avant
son exil au pays de Goethe. 

La droite va faire aussi campagne sur une
personnalité ?
 

Sans doute, mais elle a pris
du retard. Le Parti populaire européen ne choisira son champion que début mars,
au congrès de Dublin. Il va lui falloir trancher entre plusieurs prétendants,
dont le français Michel Barnier. Problème pour l'UMP :
quand la droite pourra aligner son candidat à la succession de Barroso, Martin
Schulz sera déjà en tournée depuis un bon mois. Le PS veut incarner un vote qu'il
qualifie de "protestataire social-démocrate ", en réplique au vote "protestataire
nationaliste"
de Marine le Pen. L'UMP va devoir faire preuve
d'imagination pour se positionner entre les deux. Nous
allons donc assister à la naissance de la nouvelle star, Martin Schulz, en
attendant ses futurs adversaires. Voter, dans un même temps, pour une liste et
une personnalité qui prendra la tête de la Commission est un progrès vers plus+
de démocratie au sein de l'Union. Encore un petit effort, et ces Européennes
vont bientôt concurrencer le Grand prix de l'Eurovision. Avec, pourquoi pas,
Dave pour commenter la soirée électorale.

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