"Si on arrive à construire un équivalent de Nvidia en Europe, nos vies vont être révolutionnées", assure le président de Pasqal
Georges-Olivier Reymond, président de Pasqal, entreprise spécialisée dans l'informatique quantique, est l'invité éco de franceinfo, mardi 21 janvier.
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Le Forum économique mondial se tient à Davos, petite station de ski suisse, jusqu'à vendredi. Des tables rondes, des rencontres entre des hommes et femmes politiques avec des chefs d'entreprises venus du monde entier, ce petit monde s'y côtoie et y noue d'utiles contacts.
Notre invité Georges-Olivier Reymond est le président de Pasqal, entreprise spécialisée dans l'informatique quantique. Au lendemain de l'investiture du président américain, beaucoup de patrons considèrent que le retour au pouvoir de Donald Trump est synonyme d'opportunités, que ce sera bon pour le monde des affaires.
franceinfo : Quel est votre état d'esprit concernant le retour de Donald Trump, est-ce que pour vous c'est positif ?
Georges-Olivier Reymond : Oui, tout à fait. Je m'inscris dans cette vision-là. Quand on est entrepreneur, on voit toujours des opportunités et franchement, il y en a. Alors il montre un peu les muscles, c'est normal. Mais en Europe, on a aussi des muscles, à nous de les montrer.
Vous êtes dans l'univers de la tech. Il y avait tous les patrons de la tech au Capitole pour la cérémonie d'investiture, Mark Zuckerberg, Jeff Bezos et Elon Musk. Si la tech est enthousiaste, vous l'êtes aussi ?
Oui, bien sûr, et je prêche pour ma paroisse. On fait du calcul quantique, donc c'est l'informatique de demain. Et ça marche. La physique quantique, c'est une science quand même qui depuis un siècle a toujours tenu ses promesses et continue à les tenir. Donc ça va marcher.
En même temps, Donald Trump a promis des droits de douane plus élevés pour les produits qui arrivent d'Europe. Vous travaillez beaucoup avec les Etats-Unis et avez même noué un partenariat stratégique avec l'américain IBM. Est-ce que vous craignez un retour de bâton ?
Non, je ne le crains pas. Et pour revenir sur le partenariat avec IBM, on l'a mis en place à Davos, il y a justement un an, et c'est intéressant de regarder les conséquences que ça a eues.
" On a été les premiers à nouer un partenariat avec un géant comme IBM et ça a changé vraiment l'écosystème du quantique."
Georges-Olivier Reymondà franceinfo
Quelques mois après, on a vu d'autres gens de la tech, Microsoft ou Google, avoir la même démarche que IBM avec des concurrents directs de Pasqal.
Donc ça montre que c'était une bonne idée.
Oui, et IBM a pris le premier et les autres ont pris les numéros deux et trois.
Donc vous pensez que demain, ce genre de partenariat stratégique de deux côtés de l'Atlantique, si chacun montre les muscles, ce sera quand même possible ?
Exactement. On a notre mot à dire dans cette bataille de tech.
La présidente de la Commission européenne est intervenue ce matin ici à Davos. Ursula von der Leyen a appelé les Européens à la responsabilité. "Le monde change, nous devons changer", a-t-elle dit. Être plus compétitif, être dans la course à l'innovation, lancer le chantier de l'Union du marché des capitaux. Est-ce que vous vous dites qu'il est temps de passer aux actes ?
Oui, il est plus que temps. Enfin, ça fait longtemps que c'est discuté. Et la tech, c'est vraiment un moyen de changer notre vie. Moi j'aime bien dire qu'à Pasqal, on a l'ambition d'être le Nvidia du quantique.
Nvidia qui est le leader de la carte à puce dans le monde.
Oui, et si on arrive à construire un Nvidia équivalent en Europe, nos vies vont être révolutionnées. Ce sont des emplois, ce sont des entreprises plus performantes. C'est une balance commerciale positive, ça va changer vraiment beaucoup de choses.
Et donc il faut plus de capitaux ? Parce que vous avez besoin, comme toutes les start-up de la tech, de lever énormément d'argent, énormément de capitaux. Vous avez besoin de davantage d'impulsion dans l'innovation en Europe, comme ça existe aux Etats-Unis ?
Oui, ça manque un peu. On a encore un marché fragmenté en fait. Il y a une union, mais ça reste encore très fragmenté, aussi bien sur les capitaux que sur la partie business clientèle. Et aujourd'hui en Europe, on est mal équipés en fonds d'investissement, par exemple, capables de se déployer sur des entreprises qui sont encore tech mais qui ne sont plus non plus au tout début. Des entreprises qui ne sont plus des start-up, qui commencent à grossir, comme Pasqal. C'est là qu'on a des difficultés.
Et ça fait partie des messages que vous faites passer dans les couloirs ici, à Davos ?
Oui, c'est le premier message. Et le message qui suit, ce sont les échelles de temps. Les gens voient toujours le quantique comme du long terme. Mais il ne faut pas oublier le court terme. Le court terme, c'est un marché qui est en train d'émerger. Ce sont des applications qui pénètrent le monde de l'entreprise.
"Par exemple, à EDF, la distribution d'électricité, c'est un grand problème. Il y a des multitudes de paramètres, des situations à optimiser."
Georges-Olivier Reymondà franceinfo
On a besoin de plus de puissance de calcul pour y arriver. On a travaillé aussi avec une banque, le Crédit Agricole, pour vraiment optimiser leur portefeuille de risque sur les crédits. Donc ce sont des choses vraiment très concrètes qui impactent la vie de tous les jours. Et je vous dis ça, c'est en train de se déployer. C'est en train d'arriver. On est à quelques années, deux ou trois ans des premiers cas d'usage qui font mieux que le classique.
À Davos, vous revenez pour la deuxième fois. Vous y trouvez forcément un intérêt, parce que ça prend du temps, ça coûte de l'argent. Qu'est-ce que vous venez y chercher ? Des contrats notamment auprès des gens qui ne connaissent pas l'informatique quantique et notamment ceux du secteur privé ?
C'est une occasion unique en fait, pour parler aux dirigeants des grandes entreprises. Et souvent les décisions d'investir dans le quantique, ça passe par là, tout en haut. Donc Davos, c'est une opportunité unique pour ça.
Vous avez obtenu des rendez-vous de haut niveau que vous n'auriez pas eus par ailleurs ?
Oui, c'est un formidable accélérateur. Ce matin, j'ai rencontré un haut dirigeant de chez Siemens, par exemple. Je ne peux faire ça qu'à Davos.
Vous avez noué également un partenariat avec Aramco. Pouvez-vous me dire en quoi ça consiste et qu'est-ce que ça permet à Pasqal ?
Aramco est une entreprise pétrolière qui a compris que le calcul quantique allait avoir un impact d'ici deux ou trois ans. C’est-à-dire que ça allait changer la donne, et que ça allait faire mieux que le classique. Et en tant qu'entreprise innovante, leader de leur domaine, Aramco veut être à la pointe. Ils veulent être sûrs de ne pas rater le virage quand il viendra. Donc ils ont décidé de s'équiper en ordinateurs quantiques. Ils ont acheté une machine de Pasqal. C'est quand même la première fois au monde qu'une entreprise aussi grande achète un ordinateur quantique aussi performant. Ils ont choisi une technologie française et c'est vraiment le signal que les entreprises s'engagent dans cette voie-là. Si Aramco le fait, ça veut dire que c'est un choix éclairé. Donc ça veut dire que tout le monde devrait le faire.
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