Le salon Euronaval s'ouvre à Paris dans un contexte où "Il y a de plus en plus de tensions maritimes", estime le délégué général du GICAN
Euronaval, le Salon mondial du Naval de Défense s'ouvre lundi 4 novembre et pendant 4 jours au Parc des expositions de Paris Nord Villepinte.
Le GICAN organise Euronaval, avec sa filiale la Sogena. Philippe Missoffe, délégué général du GICAN, le groupement des industries de construction et activité navale, regroupant 300 entreprises du secteur, répond aux questions de Camille Revel à l'occasion de l'ouverture de son édition 2024.
franceinfo : La justice vient d'invalider votre décision d'interdire à certaines entreprises israéliennes de prendre part aux salons. Euronaval avait d'abord dit qu'à la demande du gouvernement, il n'accueillerait ni stand ni matériel israélien lors de cette édition. Dans la foulée, le gouvernement dit que les entreprises israéliennes sont les bienvenues, à condition qu'elles ne présentent pas d'équipements utilisés dans des actions offensives à Gaza et au Liban. Finalement, la justice dit donc qu'elles peuvent toutes venir. Quelle est votre réaction ?
Philippe Missoffe : Nous, on a suivi l'injonction de l'État tout d'abord. Maintenant, on suit celle de la justice. Il n'y a pas de commentaire particulier à faire. Le GICAN organise ce salon depuis 56 ans maintenant, c'est un salon international, donc on est toujours enchanté de recevoir toutes les personnes. Il est là pour offrir un cadre d'échange, pour discuter des sujets de sécurité maritime et de souveraineté en mer. Donc évidemment, nous nous plierons à cette injonction. À noter qu'on a une équipe sur place qui sait très bien gérer tout ça et que je félicite d'ailleurs pour le travail qu'ils font. Ils réussissent à s'adapter à cette situation et à accueillir, si on nous le demande, ces personnes-là.
Combien d'entreprises israéliennes finalement vont venir à Euronaval ?
Aujourd'hui, c'est moins d'1% des entreprises. Donc sur 500, il y en aurait cinq ou sept. On ne sait pas exactement combien à ce jour.
Cette édition s'ouvre dans quel contexte ? Quels grands enjeux pour l'industrie navale française ? Est-ce qu'on est dans un contexte de réarmement naval mondial ?
Oui, tout à fait. Déjà, vous avez une multiplication des conflits maritimes, donc je ne vais pas rentrer dans les détails. En mer Noire, on a vu beaucoup de choses avec l'Ukraine, la mer Rouge aussi. Vous savez que la France est très présente sur certaines zones et notamment protège les voies maritimes en ce moment contre les missiles-outils par exemple. Il y a de plus en plus de tensions, il y a beaucoup de tensions aussi en mer de Chine. Il y a la guerre d'usure qui est en train de se mettre en place, qui est un vrai sujet pour les marines occidentales, mais aussi au niveau mondial. Et donc oui, aujourd'hui, il y a énormément d'enjeux pour les Marines qui se réarment, et notamment avec des navires plus puissants, notamment des frégates ou des corvettes armées.
Un peu moins de 70 % du chiffre d'affaires de la filière est réalisé dans le secteur de la défense. En la matière, vos carnets de commandes sont pleins ?
Un carnet de commandes n'est jamais plein je pense. Mais par contre, oui, on est sur des industries qui travaillent sur le temps long, donc avec des programmes qui peuvent durer plusieurs mois, une dizaine d'années, voire une quinzaine, notamment quand il faut développer le produit, ce qui est le cas pour les porte-avions, ou pour les sous-marins. Donc oui, les carnets aujourd'hui dans le militaire sont remplis. Ça se fait aussi un peu au détriment du civil. Certains chantiers qui étaient beaucoup plus dans les sujets civils aujourd'hui, se sont tournés vers le militaire, notamment pour des questions de marché et d'accès au marché qui étaient compliqués sur les sujets civils.
Qu'est-ce qu'il se passe sur le marché civil ? Est-ce que les Français ont tendance à acheter moins français ?
Depuis une trentaine d'années, il y a eu une forte progression de certains acteurs, notamment le Japon, puis la Corée, et la Chine. Aujourd'hui, la Chine représente 90 % du commerce mondial des navires civils et notamment des navires de grands tonnages. La France est restée sur certains créneaux, notamment les petits navires de travail, soit les navires de croisière qui sont très complexes, et ensuite, évidemment, les navires de pêche et tous autres types de navires à haute valeur ajoutée.
En fait, ça s'est fait dans un cadre où l'Europe a décidé d'arrêter de soutenir des chantiers, de faire des aides aux chantiers afin de favoriser le marché intérieur. Mais ce faisant, elle s'est désindustrialisée parce que de l'autre côté, les mêmes règles n'ont pas été appliquées, ce qui fait qu'il y a de la concurrence déloyale aujourd'hui. Et ce qui fait qu'aujourd'hui, l'Europe prend conscience à présent de ce problème et commence notamment, dans le cadre de la prochaine Commission, à réfléchir à une stratégie industrielle maritime.
Si on revient sur le secteur de la défense, qui est le premier client du secteur français de cette industrie française ?
La Marine nationale, bien évidemment, qui est donc une marine de premier rang. Ensuite, des marines grand export notamment, il y a des contrats stratégiques qui ont été signés avec le Brésil, avec l'Inde, les Pays-Bas, l'Indonésie aussi, donc énormément de comptes export. Des coopérations aussi européennes se développent à travers notamment le Fonds européen de défense. Aujourd'hui, 54 % de notre chiffre d'affaires est fait à l'export. Mais globalement, c'est 90 % pour le civil grâce notamment aux navires de croisière et c'est 39 % dans le domaine militaire. Et c'est justement là-dessus où on essaye de pousser et Euronaval est une formidable vitrine pour cela : pour soutenir le développement à l'international de nos entreprises.
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