"Il est vraiment très important de parler de l'avenir de nos infrastructures", estime l'ONG Transport et Environnement
Une conférence sur le financement des transports et les infrastructures a débuté, lundi, à Marseille. Diane Strauss, présidente du bureau français de l'ONG européenne Transport et Environnement, a salué cette initiative.
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"Notre modèle de financement des transports est aujourd'hui à bout de souffle", a déclaré le Premier ministre, François Bayrou, lundi 5 mai, à l'occasion de la conférence sur les transports et les infrastructures de transport qui a débuté à Marseille. Diane Strauss, présidente du bureau français de l'ONG européenne Transport et Environnement, a assisté à cette conférence.
franceinfo : Etes-vous d'accord avec ce constat dressé par le Premier ministre, il faut trouver de nouvelles recettes pour financer les transports en France, que ce soit la route ou le rail ?
Diane Strauss : Oui, tout à fait. D'abord, nous, nous saluons cette conférence parce qu'il est vraiment très important de parler de l'avenir de nos infrastructures de transport. Ce sont elles qui nous permettent de nous déplacer, que ce soit la route ou le train ou les infrastructures de mobilité douce et active du futur. Donc, il est vraiment très important de se poser la question de comment nous allons financer ce système de transport.
Aujourd'hui, par exemple les communes et les collectivités, se plaignent d'avoir la responsabilité de 65% des routes, précisément les routes nationales sans financement en face. Ont-elles raison de se plaindre ?
On arrive à un modèle à bout de souffle puisque la France a un très grand maillage de routes, c'est certain. Et puis il faut rénover ces routes. On va avoir de plus en plus d'aléas climatiques. On a besoin d'adaptation. On va avoir besoin de rénover ces routes de plus en plus souvent. Et puis il y a de nouveaux enjeux qui arrivent pour les routes, ce sont des enjeux de décarbonation. Comment décarboner les usages de la route, que ce soit avec des voitures électriques, avec des bornes de recharge ou en permettant par exemple des formes de transport en commun sur la route. Et tous ces nouveaux enjeux, c'est vrai que ce sont des coûts additionnels pour les collectivités.
Qui doit payer ce coût supplémentaire aujourd'hui : les collectivités, l'État, des acteurs privés ?
Il y a une discussion qui s'organise dans le cadre de cette conférence sur l'avenir des concessions autoroutières et la question du partage de la valeur de ces concessions. Donc, il y aura probablement une discussion générale sur l'usage de la manne financière que représentent les péages dans un moment où on est très contraints budgétairement. Cela dit, il ne faut pas se limiter à la question des concessions autoroutières parce que c'est une ressource qui n'arrivera qu'en 2031, donc relativement tard.
"De notre point de vue, il faut investir dès 2026 dans la mobilité du quotidien et ça peut se faire par un certain nombre de taxes dédiées. Il y a un certain nombre de pistes."
Diane Strausssur franceinfo
Quel genre de taxe ?
Nous, ce qu'on va proposer en tant que transport et environnement, ça va être d'aligner la fiscalité des billets d'avion avec nos voisins l'Allemagne et les Pays-Bas. Pour le moment, la fiscalité est inférieure. On est qu'à 7 euros par billet alors que nos voisins sont à 15 euros par exemple. Et aussi de taxer les croisières puisque pour le moment, les billets de croisières ne sont pas taxés du tout alors qu'elles ont un impact environnemental très fort et climatique très fort aussi.
L'idée, c'est de créer un nouveau pacte social où les plus aisés et les grandes entreprises contribuent à financer la mobilité de tous. Et ça, c'est vraiment très important. Quand on regarde les billets d'avion, c'est généralement des publics plutôt aisés qui prennent l'avion le plus souvent. Et pour les croisières, c'est vrai aussi. Et l'idée c'est en effet de financer la mobilité du quotidien, puisqu'on a vu aussi au cours des dernières élections que les Français réclamaient plus de transports, la capacité d'aller vers les services publics, de pouvoir se mouvoir quand ils habitent en zone péri urbaine et rurale.
"C'est vrai que la mobilité des zones rurales et péri urbaines a été un peu la grande oubliée des investissements puisqu'on a vu que les agglomérations commençaient à se fournir en alternative."
Diane Strausssur franceinfo
Mais les habitants de zones péri urbaines et rurales restent très dépendants de la voiture et souvent de la voiture thermique parce que ce sont des ménages qui achètent aussi sur le marché de l'occasion et qu'il n'y a pas de voiture électrique sur le marché de l'occasion.
Pensez-vous que c'est une bonne idée de flécher l'argent des péages vers le financement des routes nationales et vers le financement du rail aussi, ça fait partie des pistes évoquées ?
En tout cas, c'est une discussion démocratique à avoir et c'est vraiment très bien qu'on soit présent dans cette conférence pour avoir cette conversation en amont. Ce qui est évident, c'est que les ressources qui viennent de l'autoroute et de l'usage des autoroutes doivent en partie retourner à la mobilité, déjà pour pérenniser les infrastructures de transport en effet, mais aussi pour aider à passer cet enjeu de décarbonation de la route. Dans quelle mesure et sous quelle forme de gestion? Je pense que ça va être tout l'objet et l'enjeu de cette conférence.
Autre idée, celle d'une écotaxe sur les poids lourds. Après avoir été enterrée de nombreuses années après le mouvement des Bonnets rouges en 2013, la région Grand Est va en mettre une en place dès 2027. Est-ce que ça peut inspirer d'autres régions ?
Tout à fait. L'idée de l'écotaxe, c'est que les poids lourds abîment beaucoup plus la route que les automobiles. Et pourtant, le péage n'est pas à la hauteur.
"Il y a cette idée finalement que les poids lourds contribuent à la rénovation des infrastructures en payant une écotaxe."
Diane Strausssur franceinfo
La raison pour laquelle la région Grand Est l'a mise en œuvre plus rapidement que les autres, c'est que c'est une région transfrontalière et qu'il y a une écotaxe en Allemagne. Il y a beaucoup de poids lourds qui viennent de l'Allemagne, vont en Allemagne et qui passent par la région Grand Est sans payer le coût pour les infrastructures Grand Est. Et donc ça a été un vrai consensus politique dans le Grand Est de mettre en œuvre cette écotaxe. L'usage et le coût de nos infrastructures doivent être payés par les usagers, notamment ceux qui ont un impact sur la route.
Et donc il est vraiment très important que les poids lourds contribuent au financement des ressources. Nous, on aimerait même voir apparaître une autre forme de fiscalité qui serait une fiscalité CO2, puisqu'il faut vraiment accélérer la décarbonation des poids lourds et qu'il faut que les grandes entreprises qui commanditent du transport de marchandises soient plus investies dans la décarbonation. Et finalement, une façon pour nous de voir les commanditaires de transport de marchandises, les grandes entreprises, les grands supermarchés décarboner leur transport de marchandises. C'est en effet de voir le coût du CO2 quand elles font circuler les camions.
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