Helsing s'associe à Mistral AI : "c'est une réelle volonté de créer ensemble un champion de défense européen", assure le directeur général d’Helsing France
Helsing, une entreprise européenne spécialisée dans l'IA de défense s'est associée à Mistral AI, un groupe français d'IA générative. "Ce n'est pas qu'un affichage", insiste, lundi sur franceinfo, Antoine de Braquilanges, directeur général d’Helsing France.
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"C'est une réelle volonté de créer ensemble un champion de défense européen", assure, lundi 10 février, Antoine de Braquilanges, directeur général d’Helsing France, une entreprise européenne spécialisée dans l’intelligence artificielle (IA) de défense, à propos du partenariat que son entreprise vient de conclure avec Mistral AI, un groupe français d'IA générative. Alors que le Sommet pour l'action sur l'IA se déroule les 10 et 11 février au Grand Palais à Paris, il explique : "Avec Mistral, nous allons travailler sur des modèles de nouvelle génération qui vont permettre une interaction entre les hommes et les machines dans un contexte opérationnel militaire de plus en plus complexe, où on voit des plateformes dronisées, robotisées, qui vont se multiplier".
Helsing est présente en Allemagne, en France et au Royaume-Uni. Elle a conçu un logiciel embarqué dans un drone d'attaque, dont 4 000 unités ont été vendues par l'Allemagne à l'Ukraine. Cette IA résiste aux brouillages électromagnétiques des Russes. Les livraisons ont déjà commencé. "L'IA permet d'amplifier la performance des matériels et les drones en sont un bon exemple. Ça leur permet de naviguer alors qu'il y a un brouillage des communications, des GPS, ça leur permet de continuer à détecter des cibles", dit Antoine de Braquilanges.
franceinfo : Pourquoi, dans le domaine de la défense plus qu'ailleurs, faut-il absolument développer une intelligence artificielle européenne ? C'est un des thèmes de ce sommet.
Antoine de Braquilanges : Absolument. Aujourd'hui, je pense que le thème général de ce sommet, c'est l'accélération, c'est l'action. Pourquoi ? Parce que l'IA, fondamentalement, c'est un levier stratégique majeur qui va impacter tous les pans de l'économie, tous les secteurs industriels et évidemment que la défense en fait partie.
"Donc, nous chez Helsing, on est évidemment tout à fait en ligne avec l'initiative annoncée aujourd'hui par le président de la République, qu'il est nécessaire mais aussi possible de créer des champions européens."
Antoine de Braquilangessur franceinfo
Mais ce qui est nouveau, c'est la vocation mondiale, et c'est ça l'importance, je pense, du sommet aujourd'hui.
Effectivement, on n'arrête pas de dire qu'il faut créer des champions européens, des Airbus. Mais dans l'intelligence artificielle de la défense, est-ce vraiment indispensable plus qu'ailleurs ?
Absolument, puisqu'on voit aujourd'hui que l'intelligence artificielle a un impact à différents niveaux. Le premier, c'est le niveau stratégique. Les militaires parlent de planification stratégique pour les grands chefs, d'opératif, c'est-à-dire la conduite des opérations, la conduite de la manœuvre. Et puis le niveau tactique, c'est-à-dire le champ de bataille, l'engagement, le combat. Aujourd'hui, le théâtre ukrainien montre une dronisation de ce combat. Et fondamentalement, l'IA ici apporte deux choses. La première, c'est la capacité de simplifier. Simplifier la prise de décision par les opérateurs humains ou l'IA traite des données massives. Aujourd'hui, les opérateurs sont confrontés à un véritable mur de la donnée et l'IA les aide dans leur prise de décision. Donc, ça remet l'humain au centre essentiellement. Et puis finalement l'autre aspect, c'est l'amplification. L'IA permet d'amplifier la performance des matériels, des plateformes militaires qu'elle embarque, et les drones en sont un bon exemple. Ça leur permet de naviguer alors qu'il y a un brouillage de communications, de GPS, ça leur permet de continuer à détecter des cibles et ils sont maintenant produits à grande échelle.
Aujourd'hui, au sommet de l'IA, vous annoncez deux partenariats stratégiques, l'un dans le domaine des satellites et l'autre avec le français dont tout le monde parle ici au Grand Palais : Mistral. Concrètement, qu'est-ce que cela vous apporte, au-delà de l'affichage ?
Ce n'est pas qu'un affichage, c'est une réelle volonté de créer ensemble un champion de défense européen.
Aujourd'hui, tout le monde noue en partenariat avec Mistral.
Aujourd'hui, avec Mistral, nous allons travailler sur des modèles de nouvelle génération qui vont permettre une interaction entre les hommes et les machines dans un contexte opérationnel militaire de plus en plus complexe, où on voit des plateformes dronisées, robotisées, qui vont se multiplier. Et pour ça, il faut des modèles d'IA du top niveau pour être capable de gérer cette complexité.
Votre concurrent américain, Anduril, lui a signé un partenariat similaire avec OpenIA le créateur de ChatGPT. Mais quand vous, Helsing, votre entreprise, est valorisée à 5 milliards de dollars, Anduril, lui, est à 25 milliards. Vous ne faites pas le poids face aux Américains ?
Ce n'est pas notre conviction. On pense qu'on est là. On a démarré, peut-être un peu plus tard, mais pour autant, les capitaux, les talents, le marché est là, en Europe. Il est possible d'accélérer. Ce partenariat avec Mistral aujourd'hui, avec Loft Orbital dans le domaine des constellations de satellites pour des applications de défense et de sécurité, fait, non seulement d'Helsing la locomotive européenne de l'IA défense...
Mais avec une valorisation cinq fois plus petite.
Attendons de voir les évolutions dans les prochains mois.
Mais ne faut-il pas des capitaux quand même pour se développer à la même hauteur que vos concurrents américains ?
Je rappelle qu'Helsing a levé plus de 780 millions d'euros, ce qui, dans le domaine de la défense européenne, est unique.
Seule licorne de l'IA de la défense.
Absolument.
"Quand on voit les annonces du sommet avec des 109 milliards investis en France, il n'y a qu'à regarder, il n'y a qu'à écouter, les capitaux sont là, la volonté est là, les talents sont là."
Antoine de Braquilangessur franceinfo
Vous savez, dans les années 70, on parlait, au moment de la création des grands champions industriels, notamment dans l'aérospatial, de ce souffle des pionniers. Je pense que ce qu'on voit ici, c'est un certain optimisme, un renouveau européen qui ne demande qu'à être soutenu pour que ce souffle des pionniers s'incarne dans des nouveaux champions paneuropéens.
Google, la semaine dernière, a retiré de ses lignes rouges le développement des armes ou autres technologies dont l'objectif principal est de blesser des personnes. Est-ce qu'il y a une digue qui est en train de sauter sur l'usage de la donnée et de l'IA dans le domaine de la défense ? Et si oui, faut-il s'en inquiéter ?
Je pense que cette question aux États-Unis date de maintenant 10, 15 ans. Ce n'est pas nouveau. On avait une résistance, je dirais, de l'industrie traditionnelle de la défense américaine par rapport à l'arrivée de ces nouveaux entrants, des champions du numérique, et on voit qu'avec ces nouveaux partenariats Google, Anduril, Palantir, etc. On voit un vrai mouvement de fond où ces acteurs de l'IA, de la donnée, du numérique, se tournent vers la défense, nouent, entre eux, un certain nombre de partenariats structurants pour ramener à leurs industries, à leurs clients américains, des nouvelles capacités, cette masse à bas coût, les drones. Et donc, je pense qu'en Europe, on a le devoir et la possibilité de créer une réponse équivalente pour avoir une autonomie stratégique.
Si demain, vos concurrents sont les GAFAM, est-ce que ça change la donne, si ce ne sont pas des pure-players, des acteurs de la défense de l'intelligence artificielle ?
On voit déjà ces acteurs arriver dans les grands rendez-vous de défense, notamment à l'OTAN. Je pense que l'Europe doit être au rendez-vous pour justement avoir des solutions à proposer. Non pas de mettre des barrières, non pas réguler, mais proposer des solutions qui créeront de l'adhésion déjà auprès des clients militaires européens et pourquoi pas ensuite le reste de l'OTAN.
Aujourd'hui, c'est l'Allemagne qui a vendu vos drones à l'Ukraine. Avez-vous, en parallèle, des contacts qui ont été noués, notamment avec les autorités françaises ?
Nous sommes bien évidemment en discussion avec le ministère des Armées qui d'ailleurs a, je pense, senti cette révolution en marche en créant l'Amiad, ce qui montre à quel point le sujet est bien compris et saisi au bon niveau en France. Et donc Helsing, nous, on est présent en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, Estonie et Ukraine.
"On a des discussions aujourd'hui, non pas pour parler simplement d'IA, mais pour sortir de l'expérimentation et passer à l'ère industrielle, à la production, la création d'usines et, en France, c'est mon souhait évidemment."
Antoine de Braquilangessur franceinfo
Que vous permet ce sommet de l'IA pendant deux jours, au-delà de la visibilité ?
Je pense que c'est un marqueur important qui réunit les grands acteurs industriels, technologiques, gouvernementaux, avec des annonces structurantes, des partenariats où on sera attendus au rendez-vous. On nous demande d'aller plus vite, de nouer des contacts avec les personnalités politiques pour montrer le travail que l'on fait et ensuite rentrer dans une logique de passage à l'échelle auprès de nos gouvernements, notamment en France.
Dernière question, votre slogan chez Hellsing, c'est : "l'IA au service de la démocratie". Qu'est-ce que ça veut dire ? Est-ce juste un slogan ?
Non, c'est bien plus qu'un slogan, c'est une véritable raison d'être. Pourquoi ? Parce que quand vous regardez le paysage et la fiche d'identité d'Helsing, on est dans des pays européens démocratiques, on est conscients et on est persuadé que l'IA est un outil indispensable pour renforcer nos États démocratiques, pour nous donner les moyens de nous défendre, d'avoir notre indépendance, notre autonomie stratégique face à des pôles dans le monde et parfois des pays totalitaires. Donc, je pense que renforcer les démocraties, leur offrir les outils de niveau mondial est essentiel pour maintenir notre régime auquel on tient beaucoup.
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