"Faire revenir les Français aux courses" : Guillaume de Saint-Seine, président de France Galop, présente le plan de relance et de retour à l'équilibre de la filière

Guillaume de Saint-Seine, président de France Galop, chargé entre autres d'organiser des courses hippiques, fait le point sur la situation économique de la filière et les mesures engagées pour éviter une crise durable.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Photo d'illustration (PIERRE VERDY / AFP)
Photo d'illustration (PIERRE VERDY / AFP)

À quinze jours du prestigieux Prix de Diane à Chantilly, événement phare mêlant sport hippique et élégance, la filière des courses françaises est à la croisée des chemins.

Franceinfo : Est-ce que ce genre d'événement plaît encore ?

Guillaume de Saint-Seine : Le Prix de Diane attire plus de 25 000 spectateurs. Donc, c'est un rendez-vous de l'élégance. C'est un rendez-vous du sport aussi, puisqu’on désigne la meilleure pouliche de trois ans du printemps. C'est dans le cadre absolument merveilleux de Chantilly avec en toile de fond le château, les grandes écuries. Cela attire beaucoup de public, mais ce ne sont pas les seules courses qui attirent du public puisque l'année dernière, on a eu une fréquentation, dans tous les hippodromes français, en hausse de 16 % avec plus de 2 400 000 spectateurs.

Vous ajoutez maintenant des animations pour enfants, parfois le soir un DJ pour les plus grands. Vous tentez d'attirer tous les publics. Vos parieurs classiques ne suffisent plus ?

Plus on a de public sur les hippodromes, plus on suscite de vocations de parieurs, plus on suscite des vocations de propriétaire. C'est comme dans toute entreprise, on cherche le développement et même si nous sommes une association. L'idée est aussi de faire plaisir aux propriétaires ou aux professionnels. C'est quand même plus sympathique de gagner ou participer à une course devant des tribunes pleines que devant des tribunes peu fréquentées.

Pour autant, vos finances sont en berne. Votre principale source de revenus, les paris, recule de 4 % depuis le début de l'année. 35 millions d'enjeux qui ne sont pas collectés, donc pas reversé par le PMU. Mais que se passe-t-il ?

Il y a une évolution structurelle et de long terme puisque les paris hippiques, désormais, sont en concurrence notamment avec le "online", avec le pari sportif et d'autres formes de jeu. Le pouvoir d'achat des ménages est un peu en berne. On fait plus souvent le sacrifice sur un budget "jeu" que sur un budget "énergie" ou "alimentation".

"Un des objectifs du plan de relance est de faire revenir les Français aux courses pour que derrière les sponsors et les autres formes de revenus puissent se développer."

Guillaume de Saint-Seine

à franceinfo

Vous prenez, donc, le taureau par les cornes avec un plan de redressement sévère d'austérité, disent certains. Le risque, c'est de ne plus avoir de trésorerie d'ici trois ans. Or, vous êtes aussi en charge de la préservation de toute la filière. Est-ce qu'il y a péril ?

Ce n'est pas un plan d'austérité, c'est un plan de retour à l'équilibre qui, évidemment, affecte les professionnels des courses, puisqu'on va être obligé de baisser les coûts. C'est un effort de rigueur, mais c'est en même temps un effort que France Galop s'engage à faire sur sa gestion propre pour l'amélioration de ses ressources.

La difficulté, c'est de faire des économies sans écorner la filière. Or, les propriétaires, par exemple, sont inquiets pour la survie des petites courses en province. Finalement, c'est toute la filière qui appelle à l'Union pour détricoter vos décisions ?

Ces décisions ont été prises en conseil d'administration, où la plupart des associations représentatives des professionnels sont au siège. J'étais moi-même hier dans un très grand événement à Angers avec 18 000 spectateurs. J'ai pu parler au président et aux dirigeants de sociétés de courses régionaux. Il est demandé aux sociétés régionales, comme il est demandé aux grandes courses de sélection de faire l'effort. 

"On a voulu moduler l'effort pour que les gens qui dépendent le plus des encouragements soient un peu moins affectés. C'est un effort qu'on demande à tous les socioprofessionnels et à toute la filière."

Guillaume de Saint-Seine

à franceinfo

Est-ce que dans les causes de vos soucis, il y a aussi cette lourdeur de vos tutelles ?

l'État nous a confié cette responsabilité, ce monopole sur le réseau physique de prise de paris, et il s'accompagne naturellement de contrepartie. Une réflexion a été lancée sur la gouvernance et la pérennité financière de la filière. Le rapport est attendu pour la fin du mois de juin. On verra si l'État souhaite changer ou proposer les modifications à cette organisation. Aujourd’hui, les tutelles siègent à notre conseil d'administration. Elles sont régulièrement impliquées aux prises de décisions.

À propos du PMU, la filière professionnelle veut aujourd'hui un droit de regard sur la nomination de la direction, la patronne ayant jeté l'éponge. Ce n'était pas le bon profil ?

Je salue le travail que l'équipe du PMU a accompli. Aujourd'hui, les statuts du PMU prévoient que c'est bien les acteurs de la filière, en particulier Le Trot et France Galop, qui propose les nominations à la direction générale et à la présidence du PMU avec l'aval ensuite de l'Etat.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.