Droits de douane : "Il ne faut pas renoncer à exporter vers le marché américain, il faut penser à diversifier ses exportations", conseille Business France
Marie-Cécile Tardieu, directrice générale déléguée de Business France est l'invitée éco de franceinfo, alors que les droits de douane annoncés par le président américain viennent d'entrer en vigueur.
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"Il ne faut pas renoncer à exporter vers le marché américain. Il faut penser à diversifier ses exportations", conseille, mercredi 9 avril, Marie-Cécile Tardieu, directrice générale déléguée de Business France, l'organisme public qui accompagne les entreprises à l'export, alors que depuis 6 heures, tous les produits européens et français qui entrent sur le territoire américain sont taxés à hauteur de 20%.
La directrice générale de Business France recommande aux entreprises françaises de "se renseigner pour savoir dans quelle mesure elles seront affectées par les droits de douane", mais, "surtout ne pas renoncer à l'international". En ce qui concerne les investissements vers le marché américain, "les entreprises internationales qui examinent où investir ne doivent pas céder à un chantage qui les pousserait vers les États-Unis, mais regarder aujourd'hui le marché qui peut leur offrir une vraie perspective de croissance, et c'est le marché européen", dit-elle.
Franceinfo : Que conseillez-vous aujourd'hui à ces entreprises qui exportent vers les Etats-Unis ?
Marie-Cécile Tardieu : Le premier conseil est de se renseigner pour savoir dans quelle mesure elles seront affectées par les droits de douane et les différentes mesures qui seront prises par les autorités américaines.
"Il faut d'abord vérifier si on est affecté par ces droits de douane. Différents dispositifs publics ont été mis en place, Business France a créé une hotline : reglementaire@businessfrance.fr."
Marie-Cécile Tardieusur franceinfo
Le service des douanes aussi en région a mis à disposition un numéro pour que les entreprises puissent se renseigner.
Parce que ce n'est pas si simple aujourd'hui de savoir si on est concerné ou pas ?
Exactement, il faut regarder ligne tarifaire, par ligne tarifaire. Il ne faut pas se fier à des informations concernant tout un secteur. Il ne faut pas se fier non plus aux déclarations qui peuvent être faites puisqu'il y a tout d'abord la question de savoir si on est concerné et deuxièmement, de savoir dans quel délai les mesures seront mises en place. Comme vous le voyez, c'est assez chaotique. Il y a contre ordres et contre ordre de façon récurrente. Donc la première chose, c'est vraiment se renseigner.
Cette information existe-t-elle ? Est-ce qu'il y a une ligne des produits qui sont concernés par cette première hausse de droits de douane décidée par les États-Unis ?
Vous avez effectivement un certain nombre de produits qui sont concernés et la Commission européenne a mis en place, elle aussi, c'est disponible sur les différents sites Internet du ministère des Finances, la direction générale du Trésor, une information ligne tarifaire par ligne tarifaire. Donc vous pouvez aller chercher cette information pour vérifier si votre produit est concerné.
Est-ce mis à jour au fur et à mesure que les informations vous parviennent ?
Exactement, il y a des mises à jour. Ensuite, il faut être conseillés. Conseillés par les équipes de Business France qui sont présentes aux États-Unis. Parce que la pire des choses serait de prendre des décisions trop impulsives, de se retirer brutalement.
Ça, vous ne le conseillez pas ?
Non, il ne faut surtout pas se retirer brutalement dans la mesure où, comme le mouvement est généralisé, tout le monde va être touché d'une certaine façon. Donc il n'y a pas de raison de perdre les positions qu'on pouvait avoir sur le marché américain.
Constatez-vous une inquiétude chez les personnes qui font appel aux services de Business France ?
Pour l'instant, on n'a pas de panique et ce qui est très important, c'est de garder son sang-froid. On n'a pas de panique. Certaines entreprises s'interrogent par contre, c'est vrai, sur les coûts supplémentaires qui vont affecter leurs produits. Mais nos équipes aux États-Unis sont aussi en capacité de les aiguiller. Un certain nombre de ces coûts seront partagés par les distributeurs, par les importateurs. Donc, il ne faut pas non plus raisonner de façon trop générale.
"Vous avez une possibilité de partage de la charge de l'imposition qui sera mise par les autorités américaines."
Marie-Cécile Tardieusur franceinfo
C’est-à-dire que la hausse des droits de douane n'est pas forcément supportée par celui qui fabrique le produit ?
Elle n'est pas nécessairement supportée par celui qui exporte. Vous avez aussi, on l'a vu récemment, toutes les questions du fret. On a vu des personnes qui voulaient se précipiter pour exporter sur le marché américain avant la hausse des droits de douane, mais qui ont dû faire face à des hausses du coût du transport. Donc, quand on exporte, il y a un ensemble de dispositifs à examiner. Et donc la première chose, vraiment, c'est se renseigner, être conseiller sur sa stratégie d'exportation, mais surtout ne pas renoncer à l'international.
Mais faut-il pour autant suspendre ces investissements aujourd'hui aux États-Unis, comme l'a demandé en quelque sorte le président français Emmanuel Macron, alors que Donald Trump invite aujourd'hui les entreprises à aller s'installer aux États-Unis ?
C'est une question différente. Sur les entreprises qui exportent, le point fondamental, c'est qu'elles continuent à aller à l'international parce que nous vivons des crises successives. Nous l'avons vu avec le Covid. Donc, quelqu'un qui attendrait d'aller à l'international qu'il n'y ait plus de crise s'exposerait finalement à rester dans l'immobilisme et ne plus être dans la course.
Leur conseillez-vous de se tourner plutôt vers d'autres marchés que les États-Unis ?
On conseille, au cas par cas, à la fois de continuer à diversifier ses destinations, parce qu'avoir une activité export diversifiée, c'est ce qui garantit de pouvoir faire face aux différents rythmes de croissance des marchés. Mais ça, de façon générale. On vit des crises aujourd'hui. On a vécu le Covid, on a vécu des crises énergétiques. Les entreprises doivent être agiles, savoir s'adapter. Donc il ne faut surtout pas renoncer au marché américain. Il ne faut pas renoncer à exporter vers le marché américain. Il faut penser à diversifier ses exportations. Et en ce qui concerne votre question portant davantage sur les investissements vers le marché américain, c'est un autre sujet. La question qui a été évoquée, c'était le patriotisme. Aujourd'hui, c'est d'avoir une vision globale de la situation, des rapports de force entre l'Europe, la Chine et les Etats-Unis. Et donc aujourd'hui, les entreprises doivent vérifier comment elles peuvent continuer à investir en Europe, qui est un très grand marché, un marché qui a de la sécurité juridique, qui a aussi des infrastructures, qui a une main-d’œuvre. Donc, les entreprises internationales qui examinent où investir ne doivent pas céder à un chantage qui les pousserait vers les États-Unis, mais regarder aujourd'hui le marché qui peut leur offrir une vraie perspective de croissance, et c'est le marché européen.
Craignez-vous aussi que les États-Unis renoncent à investir en France ? C'est le premier investisseur étranger en France.
Quand vous décidez de choisir de mettre des millions d'euros dans des entreprises en Europe, vous n'avez pas une volonté de faire ça pour quelques mois, quelques années. Donc on est dans une logique de long terme.
"On ne voit pas de reflux des investissements américains en France aujourd'hui. Les investissements qui sont faits en France sont des investissements pour le long terme."
Marie-Cécile Tardieusur franceinfo
Les entreprises américaines, qui ont choisi le marché français, l'ont choisi parce que c'est un marché très porteur. C'est un marché avec beaucoup de compétences. C'est un marché avec des consommateurs qui leur donnent à la fois accès au marché français mais aussi au marché européen. Des consommateurs matures qui sont souvent porteurs de nouvelles tendances de consommation. Et c'est aussi un marché avec des technologies, qui aujourd'hui sont en train de se développer, y compris dans la transition écologique, y compris dans des secteurs porteurs pour l'avenir.
Mais avec cette guerre commerciale qui est entamée entre la Chine et les États-Unis surtout, ne craignez-vous pas de voir les investissements américains ralentir en Europe et surtout en France ?
Ce que l'on peut craindre, c'est l'effet rebond des produits chinois qui n'auront plus accès au marché américain, qui pourraient se déverser sur le marché européen. Donc l'Europe doit bien sûr avoir une discussion franche avec les autorités chinoises sur la façon de gérer cette guerre commerciale. L'Europe doit aussi être extrêmement vigilante sur la protection de son marché. Mais n'entrons pas dans une guerre qui ne sera finalement bénéfique à personne. Le marché européen reste un marché essentiel pour de nombreuses entreprises. Il n'y a pas de raison qu'elles y renoncent. Vous avez vu depuis le Covid une régionalisation des chaînes de valeur. Cette régionalisation des chaînes de valeur fait que le marché européen garde toute sa pertinence et comme je le disais tout à l'heure, il faut garder son calme. Il faut prendre le temps de la réflexion, il faut regarder les différents impacts puisqu'on a aujourd'hui à la fois par l'évolution du taux de change, l'évolution du cours du pétrole, énormément d'effets dont on a du mal à mesurer ce qu'ils apporteront finalement à l'économie mondiale dans les quelques semaines. Mais ce qui est certain, c'est que les choix des investissements sont des choix de long terme.
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