Commerce : "22,5 milliards d'euros de cosmétiques français" ont été exportés "partout dans le monde" en 2024, se félicite la Fédération des Entreprises de la Beauté

"On a 1,5 milliard d'euros de croissance de nos exportations cette année, dont 1 milliard d'euros juste pour les parfums", se réjouit, vendredi, Emmanuel Guichard, délégué général de la Fédération des Entreprises de la Beauté (FEBEA).

Article rédigé par Sophie Auvigne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 9min
Emmanuel Guichard, délégué général de la Fédération des Entreprises de la Beauté, le 7 février 2025. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Emmanuel Guichard, délégué général de la Fédération des Entreprises de la Beauté, le 7 février 2025. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Comment se porte le secteur des cosmétiques ? Ce sont "22,5 milliards d'euros de cosmétiques françaises" qui ont été exportées "partout dans le monde" en 2024, se félicite, vendredi 7 février, Emmanuel Guichard, délégué général de la Fédération des Entreprises de la Beauté (FEBEA), qui représente à la fois les parfums, le maquillage, l'hygiène, les soins. Des cosmétiques qui se vendent comme des petits pains dans le monde entier.

Le secteur se porte si bien qu'Emmanuel Guichard se montre extrêmement confiant sur la question d'une potentielle hausse des droits de douane par les États-Unis. "Quand on y réfléchit calmement, ce qui est sûr, c'est que la France importe aussi beaucoup des États-Unis, donc on est sur un marché réciproque". S'il reconnaît qu'un risque existe, "on est relativement confiant pour notre catégorie. La France, et notamment Paris, c'est la capitale mondiale du parfum", ajoute-t-il.

franceinfo : Vous avez des chiffres tout frais du jour sur vos exportations et vous avez l'air plutôt content ?

Emmanuel Guichard : Exactement parce qu'en 2024, les exportations de cosmétiques françaises battent à nouveau un record et on exporte cette année 22,5 milliards d'euros de cosmétiques françaises partout dans le monde.

Dans la liste des filières qui exportent, vous êtes extrêmement bien placé.

Oui, on est deuxième encore cette année, derrière l'aéronautique qui, bien évidemment, exporte beaucoup plus que nous. Et à nouveau cette année, devant les vins et spiritueux qui se portent un peu moins bien.

Quels sont vos produits qui s'exportent le mieux ?

Ce qu'on exporte le plus, depuis quelques années, c'est le maquillage et les soins du visage. Mais cette année, la nouveauté, c'est que le parfum fait une très forte progression et donc en valeur absolue, on a 1,5 milliard d'euros de croissance de nos exportations cette année, dont 1 milliard d'euros juste pour les parfums.

Dans quel pays, qui achète français ?

D'abord nos voisins, puisque 40% de nos exportations, c'est vers l'Union européenne. Et après le premier pays vers lequel on exporte, 12% de nos exportations, ce sont les États-Unis, qui sont suivis par la Chine. La Chine était numéro un il n'y a pas si longtemps que ça, mais la Chine régresse pour nous avec 8% des exportations.

Est-ce que les menaces de Donald Trump vous inquiète, les droits de douane qui risquent de faire un bond, alors qu'effectivement, les États-Unis sont votre très gros client ?

C'est un très gros client, comme tout le monde. Tous les soirs, on se couche réseaux sociaux et on se réveille avec les réseaux sociaux, avec quelque chose de différent. Donc, effectivement, il y a beaucoup de surprises. Après, quand on y réfléchit calmement, ce qui est sûr, c'est que la France, on importe aussi beaucoup des États-Unis, donc on est sur un marché réciproque. On importe plus des États-Unis qu'on importe d'Allemagne par exemple. Donc on se retrouve moins potentiellement dans les risques de conflit immédiat.

"Les entreprises françaises ont investi aux États-Unis et les entreprises américaines ont aussi investi en France. Donc, c'est-à-dire que spontanément, y a personne de chaque côté de l'Atlantique qui est intéressé de rajouter des droits de douane. Et ça, déjà ça permet pas mal de nous rassurer."

Emmanuel Guichard

sur franceinfo

Vous semblez bien optimiste par rapport à cette menace de droits de douane qui pourrait augmenter en flèche.

Oui, il y a un risque qui existe. Ce risque de droits de douane, il est inhérent au commerce international et au commerce mondial. Nous, on est relativement confiant pour notre catégorie. En plus, ce qu'on exporte vers les États-Unis, la moitié de nos exportations, c'est du parfum. Donc ce sont des produits un peu spécifiques. La France, et notamment Paris, c'est la capitale mondiale du parfum. Donc on verra bien dans les semaines ce qui se passe. Ce qui est sûr, c'est que le jour où il y a eu le discours de Trump, tout le monde s'attendait à des annonces de droits de douane, en fait, il n'y en a pas eu. Donc c'est quand même un long feuilleton avec des rebondissements. On en reparlera peut-être l'an prochain, mais à date, on est plutôt confiants.

Il y a un autre nuage dans votre ciel bleu : la concurrence asiatique qui exporte de plus en plus et qui grignote des parts de marché mondial. On parle de Singapour, la Corée du Sud, la Chine, le Japon. Comment faites-vous pour lutter contre ces produits qui nous arrivent ?

La première concurrence, ce ne sont pas tant les produits qui nous arrivent.

"Il y a des produits, notamment coréens, ce qu'on appelle la K-Beauty, comme la K-pop en musique, qui arrivent. Le premier sujet, c'est sur le marché asiatique, où on a une forte concurrence."

Emmanuel Guichard

sur franceinfo

Donc, effectivement, on a une réduction cette année des exportations vers la Chine, sauf en parfum. Pourquoi ? Parce qu'il y a déjà une baisse de la consommation en Chine et aussi la concurrence de jeunes marques, de nouvelles marques chinoises qui apparaissent. La Corée, c'est par contre un nouveau vrai concurrent mondial. Nos concurrents historiques, c'étaient les États-Unis, le Japon. Maintenant, on a la Corée. Pour vous donner un ordre de grandeur, cette année, on a exporté 22,5 milliards d'euros, la Corée a exporté 10 milliards d'euros. Donc c'est un concurrent qu'on va retrouver un peu partout dans le monde.

Votre problème, plus largement, ne serait-il pas une baisse de la consommation en règle générale ?

Non, c'est plutôt l'inverse. En fait, il y a une envie de beauté partout dans le monde, et notamment, sur le parfum. En fait, on a des typologies d'acheteurs, notamment des jeunes. On a plus ou de plus en plus de jeunes qui achètent des parfums, et ça partout dans le monde. Nos produits sont portés par une croissance forte et sont aussi portés dans les pays plus mûrs, je vous ai dit que la moitié des exportations vont vers l'Union européenne, tout simplement par le vieillissement de la population. Le vieillissement de la population fait qu'on a des personnes qui souhaitent se sentir belles et bien dans leur corps et qui ont recours à nos beaux produits.

Pour tenir le rythme, faut-il innover en permanence ? Est-ce que ce sont des investissements ?

Exactement. C'est une course à l'innovation.

"La cosmétique en France est une industrie. 130 000 personnes vivent de cette industrie en France. Donc ce sont des emplois qui sont directs."

Emmanuel Guichard

sur franceinfo

Et nos drivers, c'est l'innovation et on a deux types d'innovation. On a à la fois des innovations qu'on va qualifier d'artistique, comme par exemple dans le parfum. On est beaucoup plus proche du monde de la mode avec des nouveaux sillages qui sont créés. Et on a des innovations beaucoup plus scientifiques. Donc, là, c'est beaucoup dans le soin où effectivement ça amène des lancements. Et c'est aussi pour ça que la France est leader mondial. C'est parce qu'on a la chance d'avoir à la fois cette création artistique et à la fois cette très forte recherche scientifique qui irrigue tout le territoire et tous les endroits où on a de la recherche.

Pour être très concret, qu'est-ce qu'on va voir arriver demain ?

Ce qui est sûr, c'est qu'on a de plus en plus de technologies qui sont marquées dans nos produits. Donc, c'est-à-dire que ce sont des produits cosmétiques, mais aussi, vous voyez, les LED rouges, ce genre de choses. Donc, c'est une combinaison entre les produits et de la technologie. Et ce qui arrive de plus en plus, c'est autour de la durabilité des ingrédients. Ce ne sont pas forcément des choses que vous voyez, mais vos ingrédients, qui avant étaient des ingrédients qui étaient issus de la chimie, se retrouvent à être issus de produits agricoles. Ce sont vraiment les deux très grandes tendances. Après, sur le maquillage et le soin, on a aussi une frontière qui devient de plus en plus floue entre ce qui est un soin et ce qui a un maquillage. On va avoir des soins qui vous maquillent un peu et on va avoir aussi du maquillage qui finalement va prendre soin de votre peau.

Avec, vous le promettez, vous le jurez, une sécurité absolue ?

Exactement. Et c'est ça aussi qui fait vendre les produits français et les produits européens, c'est qu'on a la réglementation la plus dure dans le monde et c'est ça qui rassure beaucoup de nos consommateurs dans le monde. C'est pour ça qu'ils veulent le made in France, le fabriqué en France, qui fait vraiment vendre nos produits. C'est aussi parce qu'on est perçu avec cette image très sécurisante. Et cette année, ce sont les 50 ans de la première réglementation cosmétique qui avait été poussée par Simone Veil. Et donc, cet engagement dans la qualité française est reconnu partout dans le monde.

Les entreprises de la beauté sont-elles des grands groupes, des PME, des start-up sur Internet ou un mélange ?

C'est de toutes tailles et on a beaucoup plus de petites entreprises. On a 80% de PME. Et on a beaucoup de très jeunes entreprises, ce qu'on appelle les Indie Brands, c'est un peu comme le terme de musique. Ces Indie Brands, on en a deux par semaine qui se créent. Et ça, c'est extraordinaire pour notre écosystème parce que ce sont les relais de demain, les jeunes marques qui, bien évidemment, sont proches de toutes les tendances.

On vous a beaucoup critiqué sur vos emballages volumineux, pas toujours recyclables ni recyclés, est-ce que ça va un peu mieux ?

Oui, ça va mieux. Il y a un vrai engagement, une vraie prise de conscience de la filière que l'attente de nos consommateurs, c'est la réduction de ces emballages. Et notamment, actuellement, on a des tests sur du réemploi d'emballages.

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