Sur les réseaux sociaux, des créateurs de contenus piègent des pédocriminels

Sur Twitch ou sur TikTok, des créateurs de contenus se filment en piégeant des prédateurs sexuels en direct. Un contenu qui peut s'avérer contreproductif.

Article rédigé par Julie Viallon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
En se faisant passer pour des mineurs, les vidéastes prennent le risque de recevoir des photos ou des vidéos qui mettent en scène des enfants. (PICTURE ALLIANCE / PICTURE ALLIANCE)
En se faisant passer pour des mineurs, les vidéastes prennent le risque de recevoir des photos ou des vidéos qui mettent en scène des enfants. (PICTURE ALLIANCE / PICTURE ALLIANCE)

C'est un phénomène en vogue, des créateurs de contenus, sur Twitch ou sur TikTok, décident de faire justice eux-mêmes. Ils se filment et piègent des pédocriminels en direct.

Ils s’inscrivent sur des forums, intègrent des discussions, se font passer pour des enfants et discutent avec de potentiels prédateurs sexuels. Certains vont même jusqu’à modifier leurs voix avec l’intelligence artificielle pour avoir des échanges téléphoniques avec ces hommes.

Ces créateurs de contenus veulent mettre en difficulté des pédocriminels. Mais ce qu’ils font peut très vite être contre-productif. Par exemple, si un vidéaste contacte un homme suspect, sur une application et qu’il lui envoie “j’ai 14 ans et j’ai trop envie de te rencontrer”, même si l’homme lui répond et montre des signes de pédocriminalité, leur échange ne sera pas forcément considéré comme une preuve par la justice.

C’est le principe de loyauté de la preuve : provoquer une infraction de cette manière c'est constituer une preuve potentiellement non recevable devant un tribunal.

Préférer le milieu associatif

Ces créateurs de contenus pourraient donc freiner le travail de la justice. Mais également, décrédibiliser des associations dédiées, qui piègent de potentiels pédocriminels de la même façon. Comme Les enfants d’Argus, dont les bénévoles ont été formés par des professionnels, justement pour créer des preuves recevables et faire condamner les criminels.

L’avocate au barreau de Paris Juliette Chapelle, qui fait partie de cette association, conseille donc à ces créateurs de contenus de s’investir dans le milieu associatif plutôt que d'agir en ligne sans aucun encadrement, ni aucune formation.

Des risques pour les streamers

En se faisant passer pour des mineurs, les vidéastes prennent le risque de recevoir des photos ou des vidéos qui mettent en scène des enfants. Et de se retrouver donc en possession de documents illégaux.

Et puis, pour ceux qui iraient jusqu’à donner rendez-vous à ces hommes, il y a quand même de fortes chances que ça dégénère. En France, un homme est déjà mort après avoir été piégé en ligne puis frappé.

Selon Maître Juliette Chapelle "même les pédocriminels ont le droit au respect de leur dignité humaine" et les humilier en ligne ne les fera pas condamner plus vite, bien au contraire.

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