La découverte macabre dans le coffre d'une voiture du rappeur D4vd transforme les réseaux sociaux en forums d'investigation

Le corps d’une adolescente disparue a été retrouvé dans une voiture au nom du chanteur D4vd. L’affaire enflamme les réseaux sociaux. Les affaires criminelles deviennent des spectacles.

Article rédigé par Constance Vilanova
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
  (SCOTT DUDELSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)
  (SCOTT DUDELSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Le 8 septembre 2025, la police de Los Angeles a découvert dans le coffre avant d’une Tesla abandonnée le corps d’une adolescente. Le cadavre, en "état de décomposition avancée", avait été découpé et enveloppé dans une bâche. La voiture, immatriculée au Texas, était enregistrée au nom du chanteur américain D4vd, de son vrai nom Anthony Burke, 20 ans.

Quelques jours plus tard, les autorités identifiaient la victime comme Céleste Hernandez, une adolescente de 13 ans disparue en mai 2024. L’affaire a conduit à l’annulation de plusieurs dates de la tournée mondiale de l’artiste, qui devait se produire à Paris en octobre.

Un chanteur propulsé par TikTok

D4vd s’est imposé comme l’un des symboles de la génération TikTok. Révélés en 2022 par des morceaux viraux, ses titres cumulent aujourd’hui plus de deux milliards d’écoutes sur Spotify. En avril 2025, il publiait son premier album et enchaînait une série de concerts aux États-Unis et en Europe.

Face aux accusations implicites, l’entourage du chanteur a communiqué : "Il a été informé de ce qui s’est passé et, bien qu’il soit encore en tournée, il coopère pleinement avec les autorités", a déclaré son porte-parole à NBC News. 

Les réseaux sociaux en mode enquête

Dès la découverte du corps, TikTok et Twitter se sont transformés en forums d’investigation. Des internautes ont relu les paroles de son tube Romantic Homicide comme une confession :
"In the back of my mind, I killed you / And I didn’t even regret it / I can’t believe I said it / But it’s true / I hate you" ("Dans un coin de ma tête, je t’ai tuée / Et je ne l’ai même pas regretté / Je n’arrive pas à croire que je l’ai dit / Mais c’est vrai / Je te déteste").

Un morceau non officiel, intitulé Celeste, a aussi refait surface. D’autres ont relevé la présence d’un tatouage identique ("Shhh" sur l’index droit) chez la victime et chez le chanteur. Enfin, des séquences d’anciens lives Twitch, où l’on croit voir l’adolescente, circulent à nouveau.

L’esthétique même de sa tournée a été réinterprétée. D4vd proposait à ses fans de porter des chemises tachées de faux sang, prolongeant sur scène un imaginaire trouble.

@timsurletok Que la vérité puisse éclater 🙏🏽 #d4vd #celesterivas ♬ Grim - Perfect, so dystopian

Entre fascination et glamorisation

Ces coïncidences ont alimenté une avalanche de rumeurs, donnant l’impression d’un scénario écrit d’avance. La police rappelle pourtant qu’"aucun suspect" n’a été formellement désigné.

Au-delà du dossier judiciaire, l’affaire illustre un phénomène plus large, la transformation des faits divers en objets de pop culture. Depuis une dizaine d’années, les plateformes comme Netflix ont popularisé le true crime en documentaire ou en fiction. Les faits divers en cours deviennent elles-mêmes des spectacles, nourris en temps réel par la participation des internautes.

@d4vdd CAN’T WAIT TO SEE ALL OF YOU GUYS ON TOUR 🤭 #d4vd #grwm #concert ♬ Backstreet Girl - d4vd

Conséquence inattendue : loin de nuire à sa visibilité, le scandale l’a dopée. En quelques jours, D4vd a gagné près de 200 000 abonnés sur TikTok. Le 14 septembre, il a enregistré plus de 22 000 nouveaux abonnés sur Spotify en une seule journée, soit une croissance de 251%.

Une notoriété paradoxale, qui révèle l’ambiguïté de la célébrité à l’ère numérique. La mise en accusation publique peut aussi devenir un accélérateur de carrière.

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