La crainte de la pilule contraceptive alimentée par TikTok et Instagram
En 2024, les IVG augmentent en France, touchant surtout les 20-29 ans, une tendance liée au recul de la pilule contraceptive. La méfiance est renforcée par les réseaux sociaux et la désinformation, poussant certaines jeunes femmes à renoncer aux contraceptifs hormonaux
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En France, les chiffres repartent à la hausse : 251 000 interruptions volontaires de grossesse ont été pratiquées en 2024, selon la Drees. Soit 7 000 de plus qu’en 2023. Les premières concernées sont les jeunes femmes de 20 à 29 ans. Derrière cette remontée, les spécialistes pointent un phénomène inquiétant : le recul de la contraception, et plus particulièrement celui de la pilule.
Depuis dix ans, les courbes se croisent. En 2010, la pilule était utilisée par une femme sur deux. Elles ne sont plus qu’un tiers aujourd’hui. La "crise des pilules de troisième génération" en 2012, après plusieurs cas médiatisés de thromboses, a profondément marqué les esprits. Beaucoup de jeunes femmes ont alors abandonné les contraceptifs hormonaux pour le stérilet, le préservatif… ou rien du tout.
TikTok, nouvel oracle médical
Cette méfiance s’est amplifiée avec les réseaux sociaux. En juin 2025, une influenceuse française affirmait dans une vidéo virale que "l’OMS venait de classer la pilule comme cancérigène, au même niveau que le tabac". Plus de six millions de vues. Le message est faux. Le classement de certaines pilules œstroprogestatives comme "cancérogènes avérées" date de 2005, et le risque reste très faible, mais le mal est fait.
Sur TikTok ou Instagram, une constellation de jeunes femmes explique avoir "écouté leur corps" et arrêté la pilule. Elles dénoncent les hormones, vantent la "méthode naturelle" ou les applications de suivi de cycle censées remplacer les contraceptifs. Des discours séduisants qui assimilent l'arrêt de la pilule a celui du jeûne ou à une médiation quotidienne.
En France, la Direction générale de la santé alerte sur ces "contenus non vérifiés" qui alimentent une défiance et peuvent mener au "renoncement à toute contraception".
La méfiance actuelle plonge ses racines dans les années 2010. À l’époque, plusieurs femmes portent plainte après des accidents vasculaires liés aux pilules. Le scandale "Diane 35", pilule de troisième génération, ébranle la confiance. Depuis, l’industrie pharmaceutique et les autorités sanitaires ont renforcé les contrôles et l’information, mais la suspicion persiste.
Autre tendance : les applis de suivi de cycle, comme Clue. Censées prédire l’arrivée des règles, elles sont détournées en outil contraceptif. Attention, certaines ont été épinglées en 2019 pour avoir partagé des données intimes avec Facebook. Et surtout, elles ne protègent pas vraiment d’une grossesse.
L’ombre portée de la désinformation
Le problème n’est plus seulement médical, il est aussi culturel. Sur les réseaux, l’algorithme récompense le doute plus que la nuance. Les vidéos qui dénoncent “les mensonges de Big Pharma” ou les “effets cachés de la pilule” circulent plus vite que celles qui rappellent les faits : la pilule protège aussi contre certains cancers (ovaire, endomètre), et les effets secondaires graves restent extrêmement rares. Mais à force de peur et de méfiance, une génération risque de confondre autonomie et abandon.
Les gynécologues rappellent que les contraceptifs hormonaux présentent un rapport bénéfice/risque largement positif. Leur but n’est pas d’imposer la pilule, mais d’aider à choisir en connaissance de cause. Si la santé des femmes a été un angle mort et que la pilule contraceptive a trop longtemps été imposée comme seule option, le dommage collatéral c'est la désinformation.
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