Fin de la hype pour le labubu, la peluche culte des réseaux sociaux

Symbole de la pop culture chinoise, la peluche Labubu avait déclenché une folie mondiale, des émeutes en boutique aux prix multipliés par trois sur le marché secondaire. Mais après deux ans de frénésie, la mode retombe et l’action Pop Mart, son fabricant, dévisse.

Article rédigé par Constance Vilanova
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Déclinés en plus de 300 versions, les petits lapins sont devenus des objets de culte. (VCG / VISUAL CHINA GROUP)
Déclinés en plus de 300 versions, les petits lapins sont devenus des objets de culte. (VCG / VISUAL CHINA GROUP)

Un sourire carnassier, deux grandes oreilles pointues et une allure mi-mignonne mi-inquiétante : voici Labubu, créature imaginée par l’artiste thaïlandais Kasing Lung et commercialisée par la société chinoise Pop Mart. L’entreprise, fondée en 2010 par Wang Ning, a bâti son succès sur les "blind boxes", ces boîtes surprises où l’on ne découvre qu’après achat quel modèle se cache à l’intérieur. Une mécanique redoutable qui a transformé le Labubu en phénomène culturel à partir de 2023.

Accrochés aux sacs des ados, habillés de vêtements miniatures, déclinés en plus de 300 versions, les petits lapins sont devenus des objets de culte. Leur popularité a été propulsée par les réseaux sociaux : le hashtag #Labubu cumule plus de 3 millions de vidéos sur TikTok, où des fans exhibent leurs collections ou filment leurs "unboxings". Résultat : Pop Mart a vu sa valorisation quadrupler en 2024, et son fondateur a brièvement intégré le cercle des plus riches de Chine.

Une frénésie mondiale

La demande était telle que les Labubu ont provoqué des émeutes devant les boutiques Pop Mart. Au Royaume-Uni, les ventes ont même été suspendues en mai 2025, tant les files d’attente et les bagarres lors des réassorts devenaient incontrôlables. Dans plusieurs pays, des vols massifs ont été recensés. Et très vite, un marché secondaire s’est structuré : de 20 euros en magasin, certains modèles rares s’échangeaient à 60 euros ou plus sur les plateformes de revente.

Les marques de luxe ont flairé l’occasion. Louis Vuitton a décliné l’image du Labubu sur des sacs, preuve que la peluche n’était plus un simple jouet mais un symbole de statut social. Comme souvent, les contrefaçons ont suivi : les "Lafufu", copies bon marché, ont envahi les sites de e-commerce, au point que les douanes françaises ont saisi 70 000 poupées labubu de contrefaçon.

@stellecautres

C’est mon sac Louis Vuitton qui réclamait son Labubu depuis des semaines 🥹👹

♬ son original - Stelle

En septembre 2025, le vent a tourné. Selon Bloomberg, Pop Mart a perdu 13 milliards de dollars de capitalisation en trois semaines. L’action, qui avait flambé, a été brutalement dégradée par JPMorgan. les analystes jugent le titre "trop cher", et constatent un ralentissement de la demande. Les prix sur le marché secondaire reculent, les vidéos TikTok se raréfient, et l’effet de rareté s’estompe.

C’est le schéma classique des bulles culturelles : une mode surgit, dopée par la viralité et la rareté, puis elle s’essouffle quand la production dépasse l’envie. Les Sonny Angel, ces petits anges nus devenus objets de collection, ont connu le même cycle, tout comme certaines baskets en édition limitée.

Une mode qui ne reviendra pas

Les Labubu resteront sans doute un jalon de la pop culture des années 2020, mais leur frénésie semble déjà terminée. Pop Mart tente bien de préparer l’avenir avec un dessin animé et de nouveaux jouets interactifs, mais les signaux sont faibles. Dans les magasins, les stocks ne s’arrachent plus. Les collectionneurs parlent déjà d’un objet "has been".

Le Labubu, qui avait fait trembler la bourse de Hong Kong et rempli les poches de son créateur, entre dans une nouvelle phase : celle de la nostalgie rapide. Derrière son sourire carnassier, il laisse l’image d’un phénomène aussi spectaculaire qu’éphémère. Une preuve de plus qu’à l’ère des réseaux sociaux, les modes naissent vite, mais meurent tout aussi brutalement.

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