Avec l'Italian Brainrot, le casse-tête de la propriété intellectuelle à l’ère de l’intelligence artificielle
Des personnages absurdes, générés par intelligence artificielle, envahissent les écrans des enfants et les salles de spectacle. Nés sans auteur, sans marque, ni droits, les héros de l’Italian Brainrot bousculent le droit d’auteur et posent la question : qui possède encore une création à l’ère des IA ?
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ChatGPT a dit :
Ils ont des têtes de cappuccino, des bras de bois et des noms à rallonge : Ballerina Capuccina, Tung Tung Tung Tung Sahur, Trallalero Trallallà. Ces créatures nées sur TikTok début 2025 sont devenues la nouvelle obsession des enfants. Des vidéos bricolées, saturées de sons et de couleurs, où tout semble faux mais terriblement hypnotique.
En six mois, ces personnages ont quitté les écrans pour remplir des salles de spectacle au Pérou, inspirer des campagnes des menus pour KFC en Thaïlande, et s’imprimer sur des t-shirts ou des parures de draps. Une exposition leur est même consacrée à Paris. Sur les réseaux, les hashtags #ItalianBrainrot cumulent des centaines de millions de vues. Mais derrière ces monstres joyeux et grotesques se cache un mystère juridique : personne ne sait vraiment à qui ils appartiennent.
Un univers sans auteur, sans marque, sans règle
Contrairement à Mickey ou Spider-Man, protégés par Disney ou Marvel, le Brainrot (pourriture de cerveau) ne dépend d’aucune entreprise. Ces personnages ont été générés par intelligence artificielle, repris, modifiés et diffusés par des milliers d’internautes. Impossible d’identifier un créateur d’origine. Certains évoquent un créateur de contenu qui a quitté les réseaux sociaux, d’autres des internautes italiens ou asiatiques qui auraient posté les premières images. Résultat : aucun titulaire de droits, aucun studio, aucune marque.
Un vide juridique total qui permet au Brainrot de prospérer : tout le monde peut s’en emparer, le détourner, le monétiser. Des jouets non officiels circulent sur les sites marchands, des figurines sont imprimées en 3D, et certaines marques s’en servent pour leurs campagnes : jackpot, aucune autorisation à demander.
Quand l’absence de propriété devient un risque
Mais cette liberté a un revers. Parce qu’il n’existe aucun contrôle sur les images, certains contenus ont été épinglés pour racisme, blasphème ou messages islamophobes. Un personnage nommé Bombardino Crocodilo a ainsi été associé à des blagues faisant référence à des bombardements sur Gaza, reprises ensuite dans des vidéos destinées aux enfants. Autre exemple : des chants en "faux italien" masquent parfois des expressions injurieuses, que les jeunes spectateurs reprennent sans comprendre.
Sans auteur, impossible d’exiger un retrait, ni même d’identifier un responsable. L’absence de propriété intellectuelle devient donc aussi absence de responsabilité. Et c’est là tout le paradoxe : le Brainrot incarne à la fois une liberté créative totale et un danger diffus, celui d’une culture sans garde-fous.
Un folklore 2.0
Selon Fabian Mosole, créateur de contenu autoproclamé expert de l'Italian Brainrot parle même de la naissance "d’un nouveau folklore", collectif, mouvant, sans propriétaire. Un "folklore IA" au-delà des frontières, bricolé à partir d’images générées, de musiques remixées, et de phrases absurdes. Chaque internaute contribue à cet univers comme on ajoutait autrefois un couplet à une chanson populaire.
L’Italian Brainrot met le doigt sur une faille immense : notre droit d’auteur, fondé sur la figure de l’auteur unique et identifiable, n’est plus adapté à la création par IA. Comment protéger une œuvre que personne n’a pas vraiment créée ? Comment encadrer une production collective, mouvante, sans frontières ? Libéré du droit d’auteur, le Brainrot est devenu un terrain de jeu mondial. Mais dans cette absence de règles, tout peut s’y glisser : créativité, contrefaçon, et parfois idéologie haineuse
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