L'opération d'Angelina Jolie dope le marché des tests génétiques

Angelina Jolie devient,
malgré elle, un argument commercial. A la bourse, l'action de la société Myriad
Genetics est en
hausse. Cette entreprise est spécialisée dans le diagnostic médical a partir de
notre ADN. Quand l'actrice a révélé sa décision, dans les heures qui ont suivi,
l'action de Myriad a bondi de 4%. Aux Etats-Unis, les tests génétiques
constituent un marché important.

Avant de se faire enlever
les seins, Angelina Jolie a passé un test. Sa propre mère est morte d'un cancer
du sein. L'actrice avait peur de connaître le même sort. Elle a voulu en avoir
le coeur net. Elle a donc utilisé ce test qui permet de détecter des gènes
défectueux, responsables de cancers du sein et des ovaires. Et elle a donc
découvert que, chez elle, le risque était très important.

Angelina Jolie n'a pas
hésité à se faire opérer. Elle espère que d'autres femmes pourront profiter de
son expérience. Mais elle ajoute qu'elle a un regret : elle aimerait que le
test de dépistage soit moins cher. Aujourd'hui, selon elle, le prix de l'examen
reste un obstacle pour de nombreuses femmes.

Aux Etats-Unis, ce test
coûte 3000 dollars, environ 2300 euros, et il est la propriété de la société
Myriad Genetics. Cette entreprise possède le monopole du dépistage génétique du
cancer du sein. Sur le site Rue89,
Sophie Caillat explique que dès les années 1990, Myriad a obtenu le droit
exclusif d'analyser les segments ADN contenant ces gènes défectueux. Le groupe
de santé a simplement déposé des brevets : neuf, au total. De quoi verrouiller
le marché pendant des années.

Mais ces brevets sont de
plus en plus contestés. Aux Etats-Unis, des médecins et des malades attaquent
la société Myriad Genetics. D'après eux, le monopole sur ces tests posent au
moins deux problèmes :

• d'abord, un problème
  économique. Comme il n'y a pas de concurrence, le test est cher. Peu de femmes
  peuvent y accéder. A New York, un spécialiste explique par exemple qu'il ne
  peut pas le proposer à ses "patients pauvres du Bronx". Selon lui, le
  monopole empêche le développement d'autres tests médicaux.

• ensuite, un problème de
  principe : est-ce qu'on peut privatiser notre ADN ? Une société a-t-elle le
  droit d'obtenir un monopole sur un élément humain ? 

Aux Etats-Unis, l'affaire
est allée loin. La Cour suprême est en train de l'examiner. Devant les juges,
le représentant de l'Etat a pris en exemple les pays européens : "En
Allemagne ou en France, on ne peut pas obtenir un brevet simplement pour avoir
isolé de l'ADN ". La Cour suprême doit s'exprimer le mois prochain. Sa
décision aura des conséquences majeures. Aujourd'hui, déjà 20% de nos gènes
sont couverts par un brevet.