François Hollande : deux messages en un

La Reine d’Angleterre, actrice de cette période, les présidents américains et russes, leaders des deux plus grandes puissances, mondiales d’hier et d’aujourd'hui encore, rien que l’énoncé de ce trio traduit l’importance spécifique à ces commémorations à l’invitation du président Français. Habilement, François Hollande a su resituer son message dans l’histoire, en évoquant "le vent de la liberté ", ce vent qui gonfle la fierté des Français.

Le président Hollande a tenu le rang de la France, et même un peu plus, sur le plan diplomatique. Ce 6 juin ne marquera pas forcément le début de la fin de la crise ukrainienne, mais il restera comme le jour où Barack Obama et Vladimir Poutine se sont parlés pour la première fois, depuis l’annexion de la Crimée. Il restera également comme le jour de la première rencontre entre le président russe et le nouveau président ukrainien. Et François Hollande peut porter ce résultat, aussi ténu soit-il, au crédit de sa diplomatie.

La politique étrangère ne fait pas vraiment partie des préoccupations des Français

Est-ce que cela peut l’aider à remonter la pente de son impopularité en France ? Sans doute pas. La politique étrangère n’influence la politique intérieure que de façon négative. Quand un chef d’État essuie un échec sur la scène internationale, cela contribue à sa dévalorisation en interne. Mais quand un président obtient une avancée, quand il remplit sa mission diplomatique, les Français considèrent simplement que c’est normal. La politique étrangère ne fait pas vraiment partie des préoccupations des Français. Ces dossiers paraissent lointains, les réunions entre grands de ce monde trop institutionnelles pour les concerner. 

Cela pourrait donc presque accentuer la distance entre François Hollande et les Français. C’est toujours un risque. Un président qui s’investit trop dans l’international, quand ça va mal dans son pays, cela peut passer pour un président lointain. Mais, François Hollande a pris soin de parler aussi aux Français lors de ces cérémonies. Il est allé à la rencontre des habitants de ces villes ou villages bombardés pendant le Débarquement. Il connaît le non-dit vécu par ces familles à propos du deuil des civils pendant ces jours de liesse.

Natif de Rouen François Hollande connaît bien l’histoire normande, il connaît aussi ces traumatisme collectifs locaux méconnus par l’histoire nationale. A Tulle, le 9 juin 1944, 99 hommes furent pendus dans les rues de la ville par la colonne qui le lendemain perpétrait le massacre d’Oradour-sur-Glane. François Hollande a eu les mots justes aujourd'hui, ainsi qu’une attitude diplomatique efficace. Il ne pouvait pas obtenir plus. Il a pris des risques, inviter le président ukrainien, parler à Vladimir Poutine et Barack Obama. Une journée positive. Cela ne remontera pas forcément sa cote de popularité franco-française, mais cela lui fera sans doute du bien.