Édito
Violences après la victoire du PSG : la surenchère inévitable et probablement inefficace du gouvernement

Après les violences liées à la victoire du Paris Saint-Germain en Ligue des champions, le gouvernement envisage un durcissement des sanctions pénales. Pourtant, cette mécanique de changer les lois au lendemain de violences ne date pas d'hier.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un affrontement entre la police et des casseurs, près des Champs-Élysées, à Paris, le 1er juin 2025. (ROMAIN PERROCHEAU / AFP)
Un affrontement entre la police et des casseurs, près des Champs-Élysées, à Paris, le 1er juin 2025. (ROMAIN PERROCHEAU / AFP)

Des images de violences spectaculaires qui ont ému le pays et une volonté de changer la loi, cette combinaison a un air de déjà-vu. Les plus anciens se souviennent de la loi anticasseurs promulguée au début du mandat de Georges Pompidou, dans la foulée de mai 68. Le 3 juin 2025, Gérald Darmanin, le garde des Sceaux, a enclenché le mouvement, à la suite des violences après la victoire du PSG en Ligue des champions, le 31 mai 2025.

Il juge trop légères les sanctions décidées lors des premières comparutions immédiates, à savoir du sursis et des amendes, et propose de supprimer le sursis pour imposer des peines minimales de trois mois de prison ferme pour violences à l'encontre des forces de l'ordre. Le Premier ministre, François Bayrou, lui a emboîté le pas en plaidant lui aussi pour des peines minimales et pour une définition plus claire des circonstances aggravantes. Le gouvernement veut aller vite et Gérald Darmanin espère une proposition de loi, émanant donc de l'Assemblée, dès le mois de septembre.

Surfer sur l'émotion suscitée

Si la surenchère est sans doute inévitable, son efficacité l'est peut-être moins. D'abord, elle est inévitable, car cette contre-attaque permet à l'exécutif d'essayer de faire oublier le fiasco du week-end. On critique parfois la propension des politiques à légiférer sous le coup de l'émotion, mais tous les gouvernements le font, et à propos de tous les sujets. Des faits divers au mouvement MeToo, en passant par les salaires indécents de certains grands patrons, toutes les formations politiques surfent sur l'émotion suscitée par l'actualité pour réclamer des changements législatifs.

Ce discours de fermeté sur les casseurs vise, donc à rassurer les Français choqués par les images d'affrontements et de magasins pillés, et à répondre au sentiment d'impunité qui nourrit leur "exaspération", selon le mot de François Bayrou. Depuis plusieurs années, les sondages indiquent que près de 80% d'entre eux considèrent que la justice est "trop laxiste", mais on peut quand même sérieusement douter que ces annonces soient vraiment efficaces.

L'effet dissuasif d'une menace de quelques semaines de prison est très incertain quand on observe le suivisme des enfants, souvent très jeunes, qui se livrent à ces actes en bandes. Ils ont un comportement moutonnier et les audiences en comparution immédiate l'ont bien montré. Depuis une trentaine d'années, les juges ont tendance à prononcer des peines de prison plus longues et la durée moyenne de détention s'allonge. Limiter les aménagements de peines et supprimer le sursis pour infliger une incarcération systémique, d'au moins un trimestre, relève du casse-tête quand la surpopulation carcérale explose avec un nouveau record en mai 2025 de 83 000 détenus pour 62 000 places.

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