Édito
Une "majorité absolue" pour refuser la dissolution peut-elle se transformer en majorité pour gouverner ?

Sébastien Lecornu, le Premier ministre démissionnaire, balaie, mercredi, l'idée d'une nouvelle dissolution. Alors qu'Emmanuel Macorn a promis de nommer un Premier ministre d'ici vendredi soir, il juge qu’"un chemin est possible" pour former un gouvernement et faire adopter le budget.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Sébastien Lecornu, le Premier minsitre démissionnaire, lors d'une interview au 20 heures de France 2, le 8 octobre 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)
Sébastien Lecornu, le Premier minsitre démissionnaire, lors d'une interview au 20 heures de France 2, le 8 octobre 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Sébastien Lecornu est venu rendre compte, mercredi 8 octobre au journal de 20 heures de France 2, de ces deux ultimes journées de consultation. L’Élysée a promis, de son côté, la nomination d’un nouveau Premier ministre d’ici vendredi soir. Il existe donc une majorité et même une "majorité absolue", selon Sébastien Lecornu, mais seulement pour refuser une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale. Par peur d’un retour aux urnes, sans doute, il l’a même concédé, mais aussi à cause du coût faramineux pour l’économie française et les comptes publics qu’engendreraient de nouvelles élections législatives anticipées.

La France insoumise et le Rassemblement national s’en préoccupent moins. Pour eux, l’heure est au "dégagisme", il s’agit de "tout, tout, tout censurer", comme l’a clamé mercredi Marine Le Pen. Mais avec seulement 209 députés au total, la convergence des luttes lepéniste et insoumise ne suffit pas à bloquer l’Assemblée. Or, Sébastien Lecornu est formel : tous les autres partis qui sont venus le voir à Matignon ne veulent pas prendre le risque que la France soit privée de budget au 31 décembre.

Un prochain gouvernement déconnecté de toute ambition présidentielle ?

Sa mission est donc "terminée", il a "tout essayé", dit-il, mais elle reste inachevée. L’enjeu reste le même : comment transformer une majorité contre la dissolution, en majorité pour gouverner ? Sébastien Lecornu a beau se montrer "optimiste", juger qu’"un chemin est possible", considérer qu’il ne manque plus qu’un "dernier mètre" à parcourir, pour y parvenir, la méthode Coué ne suffira pas.

François Bayrou a déjà fait le coup lors du conclave sur les retraites. Il disait la même chose et s’était lui aussi accordé des prolongations, un petit rab’ de discussions. Il a finalement échoué. Sébastien Lecornu se définit comme un moine-soldat, peut-être parce qu’il a été tenté d’entrer dans les ordres et qu’il est devenu ministre des Armées. Il est aussi l’un des derniers fidèles à pratiquer encore le culte macroniste quand tant d’anciens apôtres, Édouard Philippe, Gabriel Attal, ont renoncé. Mais la foi dans le macronisme ne suffira pas à obtenir un accord de non-censure, au contraire.

Ce qu’il faut, selon lui, c'est de l’humilité et le sens de l’intérêt général plutôt que partisan. Soit à peu près tout ce qui manque aux acteurs de cette mauvaise pièce qui exaspère l’opinion. Les socialistes réclament Matignon, Bruno Retailleau écarte tout Premier ministre de gauche ou macroniste. Et tous n’ont qu’une obsession en tête, la présidentielle, en 2027 ou avant comme en rêve désormais Édouard Philippe. La peur, celle de la dissolution, peut être bonne conseillère,et permet, un temps, prendre conscience du danger. Elle ne peut suffire, en revanche pour gouverner dans la durée.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.