Édito
Sommet sur l'Ukraine en Alaska : Emmanuel Macron veut aussi sa part du lion

Alors que la rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump se tient sans le président ukrainien et sans les Européens, le président français tente malgré tout d'exister sur la scène internationale.

Article rédigé par franceinfo - Antoine Comte
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron arrive en hélicoptère pour rencontrer le chancelier allemand Friedrich Merz, à la Villa Borsig, à Berlin, le 23 juillet 2025. (RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Emmanuel Macron arrive en hélicoptère pour rencontrer le chancelier allemand Friedrich Merz, à la Villa Borsig, à Berlin, le 23 juillet 2025. (RALF HIRSCHBERGER / AFP)

"Sortir par la porte, entrer par la fenêtre". Cette expression bien connue qu'on utilise quand on veut qualifier quelqu'un dont on a bien du mal à se débarrasser, c'est un peu la stratégie choisie par Emmanuel Macron vis-à-vis des puissants de ce monde. Vendredi 15 août Donald Trump et Vladimir Poutine doivent se rencontrer en Alaska pour un tête-à-tête. Les deux ont beau snober les Européens dans les négociations pour tenter de mettre fin au conflit entre la Russie et l'Ukraine, Emmanuel Macron, lui, se démène pour se faire entendre, car il veut aussi sa part du lion.

Dernière sortie en date : sa demande il y a moins de 48 heures de voir Volodymyr Zelensky associé sans plus attendre aux pourparlers dans le cadre d'une "trilatérale" avec les présidents Trump et Poutine, le tout organisé sur le sol européen. C'est une façon pour le président Macron de revenir sur le devant de la scène internationale, en se plaçant comme celui qui aura proposé le premier, et au nom de tous les Européens, une initiative pour tenter d'éviter que des décisions soient prises dans le dos de l'Ukraine, notamment sur la question territoriale.

Revenir dans le jeu intérieur

La parole d'Emmanuel Macron est, dans l'ensemble, plutôt respectée à l'international, mais elle a un poids politique quasiment nul face aux géants Trump et Poutine, qui l'écoutent peu pour le premier et même plus du tout pour le second. Même en Europe, le président français, qui a voulu se positionner comme le chef de l'Europe depuis son élection en 2017, a bien du mal à s'imposer comme le leader des 27.

De l'autre côté de la Manche, les Britanniques et leur Premier ministre Keir Starmer, sont, malgré le Brexit, considérablement revenus dans le jeu diplomatique mondial et essaient d'apparaître aujourd'hui comme les interlocuteurs privilégiés des États-Unis de Trump. De l'autre côté du Rhin, la montée en puissance du nouveau chancelier allemand Friedrich Merz, qui a reçu Volodymyr Zelensky mercredi à Berlin, et qui souhaite faire entrer son pays dans une nouvelle ère militaire, commence aussi à faire de l'ombre à Emmanuel Macron. Sans parler de la cheffe du gouvernement italien, Georgia Meloni, que Donald Trump apprécie de par leur proximité idéologique.

Mais Emmanuel Macron n'a quand même pas tout perdu. Utiliser à outrance son domaine réservé qu'est l'international comme il le fait notamment depuis la dissolution, lui permet aussi de ré-exister au niveau national, de (re)mettre bien souvent son grain de sel dans la politique gouvernementale, comme quand il a annoncé le doublement du budget des armées. Finalement cette posture lui permet d'être plutôt bien vu des Français pour son action en dehors de nos frontières.

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