Édito
Rejet de la motion de censure du gouvernement Bayrou : l'attitude du Parti socialiste change la donne pour l'après-Macron

La décision des socialistes de ne pas censurer François Bayrou éloigne le spectre d'une présidentielle anticipée et laisse la possibilité à un candidat réformiste de s'imposer en 2027.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les députés socialistes posent pour une photo de famille sur le en marge d'une journée de bienvenue après le second tour des élections législatives à l'Assemblée nationale, à Paris, le 9 juillet 2024. (BERTRAND GUAY / AFP)
Les députés socialistes posent pour une photo de famille sur le en marge d'une journée de bienvenue après le second tour des élections législatives à l'Assemblée nationale, à Paris, le 9 juillet 2024. (BERTRAND GUAY / AFP)

La décision des socialistes de ne pas censurer François Bayrou, jeudi 16 janvier, peut modifier durablement la situation politique. D’abord parce que le PS se replace au centre de la scène politique, en interlocuteur exigeant du gouvernement. Dans l’opposition, mais prêt à négocier pour lui arracher des concessions. Ensuite parce que les socialistes se sont affranchis de la tutelle de LFI. Jean-Luc Mélenchon annonçait dur comme fer la chute de François Bayrou. Il pronostique désormais celle d’Emmanuel Macron.  

L’insoumis s’est enfermé dans une impasse stratégique. Il ne propose d’autre issue que le blocage du pays et le chaos institutionnel. Une "Madame Irma dont les prophéties ne se réalisent jamais", s’amuse François Hollande. Au fond, l’émancipation du PS desserre l’étau dans lequel le débat politique était enfermé depuis 2022, et plus encore depuis les législatives de juillet dernier.
 

Le budget comme juge de paix

Beaucoup envisageaient, comme seul horizon présidentiel, surtout en cas de scrutin anticipé, un duel mortifère entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. La cheffe de file de l’extrême droite est l’autre grande perdante de la nouvelle situation politique. Si François Bayrou prolonge la même discussion sur le budget avec le PS, sans perdre le soutien du centre et de la droite, alors le RN ne sert plus à rien.

Si les concessions du Premier ministre sont à la hauteur, le PS n’a aucune raison de censurer le gouvernement sur le budget. Quel intérêt auraient les socialistes à rentrer penaud, la tête basse, à la maison NFP pour se prendre des coups de règles de Jean-Luc Mélenchon ? Pour être efficace, la stratégie du PS doit être durable. En fait, comme l’a compris Édouard Philippe qui a répété dimanche 19 janvier qu’il serait bien candidat à la prochaine présidentielle, en franchissant l’écueil de la censure, François Bayrou commence à redessiner les contours de l’après-Macron. De droite, de gauche, ou du centre, il redevient possible que la succession du chef de l’État soit réformiste, et non pas extrémiste.

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