Édito
Reconnaissance de l'État palestinien : Emmanuel Macron en quête d’équilibre face aux inquiétudes des Français juifs

Emmanuel Macron tente de rassurer les Français juifs, inquiets de la reconnaissance de l’État de Palestine et la montée de l’antisémitisme. Pris entre critiques de la droite et de la gauche, il défend une ligne d’équilibre : "La Paix là-bas, l’Unité ici".

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président français Emmanuel Macron assiste à une vidéoconférence avec plusieurs partenaires européens et arabes sur la situation au Moyen-Orient, à l'Elysée à Paris, le 15 septembre 2025. (BENOIT TESSIER / POOL)
Le président français Emmanuel Macron assiste à une vidéoconférence avec plusieurs partenaires européens et arabes sur la situation au Moyen-Orient, à l'Elysée à Paris, le 15 septembre 2025. (BENOIT TESSIER / POOL)

En reconnaissant officiellement l’État de Palestine, lundi 22 septembre, à l'ONU, Emmanuel Macron suscite l’incompréhension, voire l’inquiétude, des Français juifs, même si cette communauté n’est pas monolithique. Elle est composite, diverse, et tous les Français juifs ne pensent pas la même chose. Mais, une bonne partie d’entre eux, c’est vrai, déplore cette décision. Ils vivent déjà dans la crainte face à la montée de l’antisémitisme en France depuis deux ans et redoutent que ce tournant historique suscite une nouvelle flambée de violences. Le chef de l’État s’efforce donc de les rassurer. Ce week-end, il a répété qu’il avait de nouveau transmis des instructions de "vigilance absolue" et de "réponse immédiate" pour punir très fermement tous les auteurs d’actes antisémites, d’autant que la journée de mardi coïncide avec Roch Hachana, le Nouvel An juif. Il en faudra plus pour apaiser ses relations avec les Français juifs. 

Le malentendu vient de loin. Précisément de son absence à la grande manifestation "contre l’antisémitisme et pour la République" du 12 novembre 2023, quelques semaines après les massacres commis par le Hamas en Israël. Emmanuel Macron avait jugé que ce n’était pas la place d’un président en exercice. Marine Le Pen, qui était présente, a sauté sur l’occasion pour lui reprocher d’abandonner les Français juifs. Exactement la même rhétorique que Benyamin Nétanyahou, qui l’accuse carrément de "nourrir l’antisémitisme". Une attaque "abjecte", selon l’Élysée et, il est vrai, totalement infondée. Emmanuel Macron a toujours érigé la lutte contre l’antisémitisme en priorité absolue et il a défendu, dès 2019, l’élargissement de la définition de l’antisémitisme à l’antisionisme, ce paravent utilisé par certains dans la gauche radicale pour habiller un discours de haine des juifs.

Des exigences concrètes 

Emmanuel Macron peut œuvrer à la réconciliation. En poursuivant le dialogue qu’il a initié depuis plusieurs semaines en recevant à l’Élysée des figures de la communauté juive et en accompagnant la reconnaissance de la Palestine d’exigences concrètes : la démilitarisation du Hamas, le transfert du pouvoir à l’Autorité palestinienne, un plan de paix global soutenu par les pays arabes de la région, ou encore le refus d’ouvrir une ambassade en Palestine tant que tous les otages détenus par le Hamas ne sont pas libérés.

Une posture d’équilibre délicate à tenir quand les apprentis sorciers soufflent sur les braises pour enflammer le débat politique national : les uns, comme Olivier Faure, pour réclamer de pavoiser les mairies de drapeaux palestiniens ; les autres, comme Marine Le Pen, pour accuser le chef de l’État de "donner quitus au Hamas". Pour contrer ce risque d’importation de tensions intercommunautaires, Emmanuel Macron veut tenir son cap : "La Paix là-bas, l’Unité ici". Pour l’heure, il n’a ni l’une ni l’autre.

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