Édito
Municipales à Paris : les partis politiques sont-ils encore des outils de sélection démocratique efficaces ?

Sans même attendre le résultat, Anne Hidalgo a annoncé qu'elle ne soutiendra pas son ancien premier adjoint s'il remporte la primaire PS pour les municipales à Paris. À droite le duel entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, pour la présidence du parti, est lui aussi parsemé de coups bas.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Anne Hidalgo ne soutiendra pas Emmanuel Grégoire s'il gagne la primaire socialiste à Paris. (PASCAL BONNIERE / MAXPPP)
Anne Hidalgo ne soutiendra pas Emmanuel Grégoire s'il gagne la primaire socialiste à Paris. (PASCAL BONNIERE / MAXPPP)

La primaire est-elle l’avenir des formations politiques ou au contraire leur cercueil ? La droite se pose la question depuis l’échec de François Fillon en 2017. Les socialistes ont aussi de sérieux doutes depuis le naufrage de Benoît Hamon la même année. Et la déclaration d’Anne Hidalgo, jeudi 13 mars, fragilise un peu plus la procédure même de la primaire. La maire de Paris a annoncé qu’elle ne soutiendra pas son ancien premier adjoint, le député Emmanuel Grégoire, si celui-ci remporte la primaire PS pour les municipales de mars 2026 face au sénateur Rémi Féraud, le successeur qu’elle s’est choisie. Bon, on sait qu’en politique la vengeance est un plat qui se mange souvent très chaud, Anne Hidalgo et Emmanuel Grégoire ne se supportent plus depuis un bon moment. 

On a déjà vu le camp vaincu ne pas se plier au résultat d’une primaire. Certes, mais c’est la première fois qu’une personnalité de premier plan l’annonce à l’avance. En 2017, Manuel Valls avait attendu d’être battu par Benoit Hamon pour renier son engagement et rallier Emmanuel Macron. La même année, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et d’autres élus de droite avaient attendu pour le lâcher que François Fillon soit rattrapé par l’affaire de détournement de fonds publics, qui lui a valu depuis une condamnation à quatre ans de prison dont deux ferme.

Anne Hidalgo, qui n'est certes pas candidate elle-même, innove en annonçant qu’elle ne respectera pas la règle du jeu avant même le début de la compétition. Cela fait un peu mauvaise joueuse. On ne sait pas encore si son poulain Rémi Ferraud agira de même s’il est battu, mais cette prise de position illustre un peu plus la perte de crédibilité des partis.

L'utilité des primaires sérieusement remis en cause 

À quoi bon organiser une compétition interne entre camarades si on juge par avance le vainqueur illégitime ? Les partis sont-ils encore des outils de sélection démocratique efficaces ? On peut aussi en douter au regard de la tournure du duel à droite entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau sur fond de coups bas et inflation de cartes d’adhérents plus ou moins réels. Rien de neuf me direz-vous : en 2022, un chien nommé Douglas avait voté pour Valérie Pécresse à la primaire de la droite. Les socialistes ont succombé eux aussi plus d’une fois aux mêmes travers, encore lors de leur dernier congrès de janvier 2023. En attendant, peut-être, le prochain en juin.

Au fond, le plus désolant, c’est de voir des partis démocratiques incapables de faire vivre une règle commune, quand d’autres, des mouvements populistes remettent en cause de plus en plus ouvertement l’esprit même de nos démocraties en France et ailleurs.

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