Édito
LR fait un nouveau pas vers le RN

Bruno Retailleau acte le virage de LR vers l’extrême droite. Après avoir provoqué la chute du gouvernement Lecornu, il appelle à battre une candidate socialiste au profit d’un candidat soutenu par le RN dans une législative partielle dans le Tarn-et-Garonne.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Bruno Retailleau au journal télévisé de 13 heures de TF1, à Boulogne-Billancourt, le 6 octobre 2025. (BERTRAND GUAY / AFP)
Bruno Retailleau au journal télévisé de 13 heures de TF1, à Boulogne-Billancourt, le 6 octobre 2025. (BERTRAND GUAY / AFP)

La crise politique incite Bruno Retailleau à changer de stratégie. Le patron de LR dévoile ces jours-ci une inattendue vocation de croque-mort. Dimanche 5 octobre, dans la soirée, il enterrait le "socle commun" pour rompre son alliance gouvernementale avec les macronistes et provoquer la démission de Sébastien Lecornu. Et lundi, il a donné un dernier coup de pelle au Front républicain, déjà agonisant. Le chef de la droite a appelé ses électeurs à battre la candidate socialiste opposée, dimanche 12 octobre , à un candidat du parti d’Éric Ciotti, soutenu par le Rassemblement national, au second tour d’une législative partielle dans le Tarn-et-Garonne. 

Le RN plutôt que le PS : ce choix a ulcéré la gauche, à commencer par le chef de file des socialistes, Olivier Faure, qui s’est indigné de la "fusion entamée entre droite et extrême droite". Ce changement de pied n’a choqué personne à droite. Pas une voix à LR n’a critiqué Bruno Retailleau.

Des affinités de plus en plus importantes sur les sujets régaliens

Ce n'est pas forcément surprenant. Ce rapprochement entre la droite et l’extrême droite est en marche de longue date. LR avait refusé d’appeler à voter pour Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle de 2022. Bruno Retailleau avait alors renvoyé le chef de l’État et Marine Le Pen dos à dos, en choisissant le vote blanc. Il répète désormais que "la pire menace politique, c’est LFI" , une façon de réhabiliter le RN, tandis que Laurent Wauquiez veut rassembler toutes les droites, jusqu’à la zemmouriste Sarah Knafo. Sur le fond, sur le programme, LR et le RN revendiquent leur gémellité sur les sujets régaliens : sécurité, immigration, identité ou islam. La droite se contente de critiquer le programme économique du RN, sauf que Jordan Bardella est en train de jeter par-dessus bord son versant social pour draguer les patrons.

Plus grand-chose n'empêche un rapprochement RN-LR. Jordan Bardella a d’ailleurs proposé mardi un accord de gouvernement aux Républicains. Sur France 2, Bruno Retailleau a dit "non", parce que le RN "l’insulte", dit-il. Mais il n’a pas dit "jamais". Et si, à l’issue d’une dissolution devenue probable, le RN disposait d’une majorité relative, on peut penser que les quelques députés LR rescapés auraient bien du mal à résister à l’appel du pouvoir. Il est décidément loin, le temps où la droite vraiment républicaine fustigeait, par la voix de Philippe Séguin — c’était en 1998 — les "turpitudes" de ceux qui "font cuire leur petite soupe dans leur petit coin" en pactisant avec l’extrême droite. En 2025, la soupe macroniste est froide, et le velouté lepéniste bien plus goûtu.

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