Édito
Les limites de la stratégie du "bruit et de la fureur" de Jean-Luc Mélenchon

La radicalité dans laquelle Jean-Luc Mélenchon a enfermé ses troupes est sanctionnée dans les urnes. Pour gagner, les insoumis ont besoin d'alliés.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
ean-Luc Mélenchon, fondateur de La France Insoumise lors d'un meeting, à Redon, dans l'ouest de la France, le 9 décembre 2024. (SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP)
ean-Luc Mélenchon, fondateur de La France Insoumise lors d'un meeting, à Redon, dans l'ouest de la France, le 9 décembre 2024. (SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP)

Les discussions en cours sur le budget, dans la perspective de la commission mixte paritaire jeudi 30 janvier, exacerbent les divisions à gauche et le torchon brûle une fois encore entre LFI et le PS. Jean-Luc Mélenchon est exaspéré de voir les socialistes négocier en continu avec le gouvernement. En fait, il ne décolère pas depuis que le PS n’a pas voté la motion de censure après le discours de politique générale de François Bayrou. Et il redoute la même issue à l’occasion du projet de loi de finances.

Le leader insoumis promet donc des mesures de rétorsion pour tenter d’impressionner et de diviser les députés PS. Huit d’entre eux, sur 66, avaient enfreint la consigne du groupe pour voter la censure il y a deux semaines. Pour en faire plier d’autres, LFI menace d’investir des candidats contre les députés PS coupables d’indulgence envers François Bayrou. Et plusieurs députés LFI devraient se lancer lors des municipales de 2026 à l’assaut de grandes villes socialistes comme Montpellier, Marseille ou Lille. 
 

Pas de victoire sans alliances 


Cette stratégie peut peut-être s'avérer payante pour faire perdre la gauche, mais sans doute pas pour faire gagner les insoumis. Pour l’heure, la radicalité dans laquelle Jean-Luc Mélenchon a enfermé ses troupes est sanctionnée dans les urnes. On l’a vu lors d’une législative partielle il y a deux semaines avec la lourde défaite du candidat insoumis dans une circonscription de l’Isère qui était pourtant détenue par LFI. Au deuxième tour, on a même vu se constituer une sorte de front anti-LFI qui a plébiscité la candidate macroniste en lui octroyant 30 points d’avance. Jean-Luc Mélenchon a aussi érigé en test une municipale partielle en banlieue parisienne, à Villeneuve-Saint-Georges, 35 000 habitants. Il est allé soutenir en personne son protégé, le jeune député Louis Boyard, bruyante figure de l’Assemblée. Dimanche, celui-ci est arrivé en tête du premier tour, mais de très peu, et en reculant de 15 points par rapport au score de LFI aux européennes. Et le voilà contraint de quémander le ralliement de l’autre liste de gauche - PCF, PS, écologistes - pour espérer l’emporter au second tour.
 

Les insoumis ont donc toujours besoin d’alliés. Jean-Luc Mélenchon tape sur les socialistes, il les traite de "renégats", "serviles", "traîtres", mais il ne peut gagner sans leur concours. Et pour l’heure, dans les sondages, comme dans les urnes, une nette majorité des sympathisants de gauche semblent récuser le chaos politique et pencher pour une certaine stabilité institutionnelle. Comme si, fatigués par le "bruit et de la fureur" mélenchonistes, ils aspiraient à retrouver la tranquillité réformiste.

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