Édito
Le PS représente-t-il réellement une alternative en cas de chute du gouvernement Bayrou ?

Olivier Faure et le PS veulent succéder à François Bayrou avec un contre-budget et une cohabitation, mais sans majorité et face à La France insoumise, qui réclame le départ de Macron, l'initiatice paraît difficile à concrétiser.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS)  Olivier Faure à la fin de son discours au Campus du parti de gauche à Blois, le 29 août 2025. (GUILLAUME SOUVANT / AFP)
Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Olivier Faure à la fin de son discours au Campus du parti de gauche à Blois, le 29 août 2025. (GUILLAUME SOUVANT / AFP)

François Bayrou n’est pas encore tombé, mais la gauche fait déjà des offres de service pour lui succéder. Il ne s'agit pas de toute la gauche. Rien à voir avec l’unité affichée en 2024. Souvenez-vous : les alliés du Nouveau Front populaire avaient discuté pendant deux semaines pour se mettre d’accord sur un nom, celui de Lucie Castets, qu’ils exigeaient de voir nommée à Matignon. Tous l’ont réclamé, en vain, pendant des mois. 

Cette fois-ci, rien de tel. Le PS fait cavalier seul et Olivier Faure fait des offres de service. Il s’imagine volontiers en chef du gouvernement pour mettre en œuvre un contre-budget alternatif avec un effort de réduction du déficit bien moins ambitieux : 21,7 milliards contre 44 milliards pour le plan Bayrou. Puis 27 milliards d’impôts supplémentaires pour les plus fortunés et les entreprises, et 19 milliards de dépenses nouvelles pour financer, en particulier, le retour à la retraite à 62 ans. Bref, une autre politique et une autre méthode. Olivier Faure s’engage à ne jamais recourir à l’article 49-3 et à négocier chaque texte avec les autres forces politiques.

Une représentation faible à l'Assemblée 

Cette technique ne peut pas marcher. D’abord, parce que le groupe PS représente 66 députés sur 577, très loin de la majorité. On n’imagine guère le bloc central et la droite faire aux socialistes le cadeau de s’engager à ne pas les censurer alors que ceux-ci auront renversé successivement Michel Barnier puis François Bayrou.

Olivier Faure ne veut pas de ministre insoumis au gouvernement, et ça tombe bien, Jean-Luc Mélenchon ne veut pas d’un gouvernement socialiste, toujours suspect à ses yeux de vouloir jouer les roues de secours d’Emmanuel Macron. Chez les insoumis, "tout le monde déteste le PS", comme le chantaient les militants à l’université d’été de LFI. Tout le monde déteste encore plus le chef de l’État. Jean-Luc Mélenchon réclame le départ d’Emmanuel Macron et le groupe LFI s’apprête à enclencher une nouvelle procédure de destitution du président de la République.


Deux stratégies divergentes et même inconciliables s'opposent pour deux gauches, à ce stade, irréconciliables. Les insoumis veulent bloquer le pays et limoger le Président. Les socialistes veulent travailler avec lui pour lui imposer une vraie cohabitation. Jean-Luc Mélenchon rêve d’une présidentielle anticipée ; les députés PS veulent éviter une dissolution qui pourrait les renvoyer sous la coupe de LFI. Au fond, les gauches ne se retrouvent que sur l’objectif de se débarrasser de François Bayrou, sans aucune certitude sur ce qui viendra après.

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