Édito
Le "je t'aime, moi non plus" des scientifiques et des politiques

Face à chaque crise, les deux bords s'opposent. Pourtant, pour avancer, une complémentarité des deux est nécessaire.

Article rédigé par franceinfo - Renaud Blanc
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le 2 septembre 2002, Jacques Chirac prononce une phrase lors du Sommet de la Terre à Johannesburg qui a fait le tour du monde : "Notre maison brûle, mais nous regardons ailleurs". (CAPTURE D'ECRAN / ARCHIVES INA)
Le 2 septembre 2002, Jacques Chirac prononce une phrase lors du Sommet de la Terre à Johannesburg qui a fait le tour du monde : "Notre maison brûle, mais nous regardons ailleurs". (CAPTURE D'ECRAN / ARCHIVES INA)

Face au changement climatique que chacun observe presque en direct, on peut parler de revanche d’une communauté trop souvent ignorée, voire malmenée, par certains élus de tous bords mais aussi par une partie de l’opinion qui, peut-être, ne voulait pas voir la réalité en face.

Les rapports du GIEC sont sur la table depuis des années, les publications de chercheurs s’entassent et comme le résumait, pourtant un politique, devenu président de la République, (on n’est pas à un paradoxe prêt) : "Notre maison brûle, mais nous regardons ailleurs".

Le principal problème entre élus et scientifiques est peut-être le rapport au temps. Lorsqu’un chercheur parle de 2030, 2050 ou 2100 le premier réflexe trop souvent d’un dirigeant est de se dire : "C'est encore loin". Mais attention : si la parole des scientifiques est désormais davantage considérée, l’action reste la prérogative des élus. Le dernier mot revient toujours au politique. Le rôle des scientifiques n’est pas de décider mais d’alerter, de démontrer et de proposer des solutions, des adaptations. Dans un monde idéal, et il n’est pas sûr qu’il existe, les deux doivent donc se compléter.

Le mélange des genres est possible

Il peut aussi y avoir un mélange des genres entre politique et scientifique, d’abord parce qu’un scientifique (et j’enfonce une porte ouverte) est aussi un citoyen. Rien ne lui interdit de s’engager. Rappelez-vous en juin 2024 lors des législatives, certains d’entre eux, dont plusieurs prix Nobel d’économie, avaient pris position contre le Rassemblement National. Bien sûr, il est plus facile pour un chercheur de faire de la politique que pour un élu de devenir scientifique encore que.

En 2021, lors de la crise du Covid, l’un des poids lourds du gouvernement de Jean Castex avait eu cette phrase assez cocasse en parlant d’Emmanuel Macron : "Le président à acquis une vraie expertise sur les sujets sanitaires. Ce n’est pas un sujet inaccessible pour une intelligence comme la sienne".

Est-on aujourd’hui sortis d’une sorte de "je t’aime, moi non plus" entre scientifiques et politique ? Ce qui est sûr, c’est qu’une démocratie a besoin de la complémentarité des deux pour avancer.

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