Édito
Le gouvernement Bayrou confronté au spectre de l'immobilisme

Au-delà de quelques textes mis sur pause depuis la dissolution, le gouvernement de François Bayrou risque de ne pas pouvoir se lancer dans de nouvelles réformes, faute de majorité suffisante à l'Assemblée nationale.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre François Bayrou, le ministre délégué français chargé des relations avec le Parlement Patrick Mignola et le ministre de l'intérieur Bruno Retailleau au Sénat, à Paris le 15 janvier 2025. (BERTRAND GUAY / AFP)
Le Premier ministre François Bayrou, le ministre délégué français chargé des relations avec le Parlement Patrick Mignola et le ministre de l'intérieur Bruno Retailleau au Sénat, à Paris le 15 janvier 2025. (BERTRAND GUAY / AFP)

François Bayrou exhume plusieurs projets de loi qui étaient enlisés depuis de nombreux mois. Le dégel approche. L’obstacle de la censure franchi sans dommage, jeudi 16 décembre, on observe un certain redoux de la météo politique. La machine gouvernementale était à l’arrêt depuis sept mois et l’annonce de la dissolution qui avait brutalement interrompu les débats parlementaires. Début décembre, la chute du gouvernement Barnier avait rajouté une pelletée de terre sur ceux qui avaient pu reprendre. François Bayrou peut enfin profiter d’une éclaircie pour les exhumer. On retrouve le projet sur la fin de vie et le projet de loi d’orientation agricole. Un engagement de campagne du candidat Macron en 2022, largement amendé par la colère paysanne il y a un an, adopté à l’Assemblée en mai dernier…  Ouf, son examen reprend enfin cette semaine au Sénat. 
 
Le gouvernement Bayrou, en revanche, ne pourra sans doute pas lancer de nouvelles réformes ambitieuses. Par-delà des modalités d’application qui peuvent diviser, l’aménagement de la fin de vie, comme les réponses à apporter à la crise agricole sont des sujets assez consensuels dans l’opinion. François Bayrou peut donc espérer trouver une majorité à l’Assemblée. Peut-être parviendra-t-il aussi à échapper à la censure sur le budget, au nom du besoin de stabilité politique et institutionnelle, mais sur tous les autres dossiers importants, régaliens - sécurité, immigration, justice - ou économiques et sociaux, à commencer par la réforme des retraites si le sujet devait revenir devant le Parlement, le défi sera beaucoup plus difficile à relever. D’autant qu'excepté les textes budgétaires, le Premier ministre ne peut recourir au 49-3 que sur un seul texte par session parlementaire.

Statu quo jusqu'en 2027


Le risque, c’est donc l’immobilisme. C’est la hantise d’Emmanuel Macron. Le chef de l’État continue d’exhorter ses troupes à l’action. Mais beaucoup se sont fait une raison. Édouard Philippe, qui aime à jouer les mauvaises consciences du chef de l’État, répète que "la fenêtre des réformes s’est refermée" et que "rien de massif ne pourra se faire" avant 2027. L’objectif du gouvernement, c’est donc de tenir jusque-là en apurant autant que possible la situation financière. "Le Premier ministre est là pour durer et endurer", disait le général de Gaulle en 1958. François Bayrou nommé pour négocier et apaiser, a le profil adéquat pour une telle mission. Qui n’est pas de tout repos, et exige ardeur et ténacité puisque, comme disait Edgard Faure, "l’immobilisme est en marche, et rien ne pourra l’arrêter" !

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