Édito
La réforme de l’État, un chantier que François Bayrou veut remettre à l’honneur

C'est un serpent de mer qui revient à chaque nouveau Premier ministre depuis 40 ans, pourtant cette réforme n'arrive jamais.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre François Bayrou lors d'une du Centre des finances publiques de Nanterre-Rueil, à Nanterre, le 4 avril 2025. (THIBAUD MORITZ / AFP)
Le Premier ministre François Bayrou lors d'une du Centre des finances publiques de Nanterre-Rueil, à Nanterre, le 4 avril 2025. (THIBAUD MORITZ / AFP)

Le dossier de la réforme de l'État revient en haut de la pile des urgences à chaque nouveau Premier ministre. "Il faut tout reconstruire : les textes, les lois, les normes, les habitudes", déclarait François Bayrou, il y a à peine deux mois. "Nous allons engager une profonde transformation de l’action publique pour bâtir un État efficace", déclarait déjà Édouard Philippe en 2018. Sans oublier le candidat Macron, clamant en 2017 dans son livre, sobrement intitulé Révolution : "La refonte de l’organisation de l’État doit rendre le pouvoir à ceux qui font". Confronté à ce qu’il appelle son "Himalaya de difficultés", François Bayrou fait de la réforme de l'État son Annapurna. Le souci, c’est que 40 ans après, elle reste à peu près aussi introuvable que le yéti.

D’abord parce que l’approche des gouvernements est souvent purement comptable. C’est pour boucher à la hâte les trous dans la caisse que l’on ressort le talisman de la réforme de l'État. Il faut traduire : faire urgemment des économies. L’exemple le plus flagrant, c’est la fameuse RGPP, la révision générale des politiques publiques, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy avec le non-remplacement d’un départ en retraite de fonctionnaire sur deux. Depuis, la tentation du coup de rabot revient à chaque budget. Et puis, l’autre erreur, c’est que les Premier ministres successifs rivalisent de déclarations tonitruantes pour promettre un grand soir administratif qui n’arrive jamais.

L'opposition binaire droite-gauche

Pourtant, l'État bouge, parfois trop lentement. Le millefeuille administratif est souvent indigeste, c’est vrai, mais dans les faits, de décentralisation des pouvoirs en déconcentration des services, l’État et ses agents ne cessent de se réformer. Seulement, ils se retrouvent coincés entre la rhétorique d’une gauche qui hurle à la purge dès qu’elle entend les mots "économies" ou "simplification", et celle d’une droite qui caricature les services publics en dinosaures coûteux et inutiles.

Ce duel simpliste commence à faire planer sur le débat français le spectre de la tronçonneuse, l'emblème du président argentin Javier Milei, brandi par Éric Ciotti et ceux qui rêvent de démanteler l’État. Une idée redoutée par tous ceux qui savent que c’est le modèle social français lui-même qui serait éradiqué. Pourtant, comme le disait un ancien Premier ministre, "la réforme de l'État ne saurait s'enfermer dans une opposition simpliste entre 'plus' ou 'moins' d'État. Elle doit reposer sur la concertation, l’amélioration de la qualité du service rendu aux citoyens, et l’efficacité de la dépense publique". C'est une phrase de Lionel Jospin, en 2000. Un quart de siècle plus tard, on en est toujours là.

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