Édito
Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron à Washington pour un voyage éclair qui, a priori, n'a pas été inutile

Le président français était à la Maison Blanche lundi pour rencontrer son homologue américain. L'occasion pour Emmanuel Macron de remettre l'Europe dans le jeu des négociations de paix en Ukraine et d'exister sur la scène internationale.

Article rédigé par Benjamin Sportouch
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Emmanuel Macron et Donald Trump lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche, à Washington, le 24 février 2025. (HU YOUSONG / XINHUA / VIA MAXPPP)
Emmanuel Macron et Donald Trump lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche, à Washington, le 24 février 2025. (HU YOUSONG / XINHUA / VIA MAXPPP)

"Nous nous sommes compris et notre volonté est la même : la paix le plus vite possible, une paix solide et durable pour tout le monde", a dit le président français lors d'une conférence de presse avec son homologue américain, lundi 24 février, alors que les Européens craignent depuis plusieurs semaines un accord de paix en Ukraine trop favorable à la Russie après avoir été tenus à l'écart du rapprochement russo-américain entrepris par Donald Trump depuis son investiture le 20 janvier.

Emmanuel Macron a déjà marqué un point en étant le premier chef d’État européen à rendre visite à Donald Trump depuis son élection. Il a un peu mis le pied dans la porte. Encore fallait-il qu'il ne revienne pas bredouille et, a priori, c'est le cas. Mais il faut rester prudent, on sait à quel point le locataire de la Maison-Blanche est imprévisible et que, ce qui est acté aujourd’hui ou plutôt ce qui semble acté, car tout reste encore très flou, ne le sera pas forcément demain. Chacun des deux dirigeants a peut-être retenu ce qui l’arrangeait.

Les deux dirigeants se connaissent, un atout par rapport aux autres dirigeants européens

Emmanuel Macron a au moins réussi à remettre l’Europe dans le jeu, ou, en tous les cas, elle n’est plus ignorée, et c’est déjà beaucoup quand on voit comment Donald Trump a, jusque-là, totalement enjambé l’Europe dans son projet de paix, en faisant les yeux doux à Vladimir Poutine. Lundi, il a semblé concéder l’envoi de troupes européennes pour sécuriser l’accord qui serait trouvé. Mais sans pour autant apporter de garanties sur la sécurité de ces soldats. Point trop n’en faut. C’est Donald Trump qui garde le tempo.

Emmanuel Macron n’est certainement pas dupe, lui qui a appris à parler le "Trump" lors du premier mandat du milliardaire et à apprivoiser ses manières cavalières comme ses poignées de main en forme de bras de fer, mais aussi les intuitions du président américain tout comme ses obsessions ou ses outrances. C’est un atout de taille par rapport à ses homologues européens. Le futur chancelier Friedrich Merz, tout juste élu, va découvrir le président américain. Le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui le voit jeudi à Washington, le connaît peu.

L'occasion pour Emmanuel Macron d'exister sur la scène internationale

Cette antériorité d’Emmanuel Macron peut lui permettre de prendre le leadership européen, d’autant qu’en Europe occidentale, il est aussi le plus ancien aux manettes. Son expérience peut lui permettre de fédérer ses homologues allemand, italien, britannique et espagnol, notamment. Il s’en est d’ailleurs servi dès la semaine dernière, quand il a convoqué en urgence deux réunions sur l’Ukraine à l’Élysée. Mais cet embryon de leadership est fragile parce qu’on imagine mal l’Allemand Friedrich Merz laisser sa part, tout comme Giorgia Meloni. La présidente du conseil italien entretient suffisamment de bonnes relations avec Donald Trump pour ne pas les faire fructifier et s’en servir au niveau européen. Bref, rien n’est acquis pour Emmanuel Macron qui a peut-être fait un peu bouger Donald Trump, mais en se ralliant d’abord à son projet de paix. 

Le président français joue gros sur la scène internationale, mais aussi en France, les deux sont complètement liés. Le chef de l’État n’a plus d’oxygène politique dans son pays. Inutile de répéter que la dissolution ratée a rendu son rôle secondaire. Il cherche donc sa place sur la scène internationale et, jusque-là, ce n’était pas concluant. Que ce soit en Afrique ou au Proche-Orient. La résolution du conflit ukrainien peut lui donner une occasion de se remettre en selle sur la scène diplomatique, pour tenter d’exister jusqu’à la fin de son mandat. Il l’a visiblement bien compris. Reste à obtenir des résultats à la hauteur de cette ambition.

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